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Produire ses semences (guide débutant !)

par | 6 Juil 2023

Vous ne le savez peut-être pas, mais nous éditons la première revue permacole à prix libre.  C’est une revue bimestrielle, numérique, dans laquelle nous vous donnons pleins d’informations pour devenir un jardinier permacole aguerri ! Reportages, interviews, conseils saisonniers, articles de fond et dossiers thématiques, voilà le programme !

Cette revue s’adresse à tout jardinier amoureux de la nature, désirant produire une partie de son alimentation tout en favorisant la vie dans son jardin, comme nous.

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Fermons la parenthèse, nous vous souhaitons une bonne lecture !

Par où commencer quand on souhaite produire des graines et gagner en autonomie ? Quelles sont les semences les plus simples à réaliser ? Comment se déroule leur pollinisation ? Tentons ensemble de répondre à ces questions !

La question des variétés hybrides F1.

Les variétés F1 ont mauvaise presse parmi les jardiniers soucieux de la reproductibilité des graines. Et pour cause ! Une variété F1 est le résultat du croisement de deux variétés dites « pures ». Ce croisement engendre des « enfants » aux patrimoines génétiques identiques aux qualités certes intéressantes : plants vigoureux et productifs, culture homogène moins sensible aux aléas de l’environnement… Mais dont les graines (qui ne sont pas stériles contrairement à ce que l’on entend parfois) donneront naissance à une descendance très hétérogène (la lignée F2), car s’apparentant à de la consanguinité…

En pratique, vous aurez tout de même très souvent des fruits intéressants. C’est une solution pour obtenir des graines à moindre coût en semant directement les légumes du supermarché.

Pour obtenir un résultat tout de même plus satisfaisant, il faudra se diriger vers des variétés dites « paysannes » ou « population ».

En effet, une variété paysanne ou population est une variété constituée d’un ensemble d’individus hétérogènes (contrairement aux F1), mais possédant tous une bonne base de gênes en commun.

Ces caractéristiques et la variabilité de leurs gênes leur permettent d’évoluer en fonction de facteurs dits « épigénétiques » correspondant aux variations de l’environnement, du climat, ou encore de la nature du sol.

C’est cette richesse génétique qui fait toute leur force et leur résilience.

Parmi ces variétés reproductibles, paysannes ou population, il est possible de se diriger vers des plantes en partie autogames ou strictement autogames. Ce sont en effet les plus simples à reproduire, car elles se pollinisent elles-mêmes. On parle alors d’autofécondation.

Les graines F1 possèdent certes des atouts, mais elles posent parfois question d’un point de vue éthique, et sont plus
difficiles à multiplier de façon fidèle.

Les plantes autogames

Les plantes utilisent différentes stratégies de reproduction, mais leur vocation est de brasser au maximum la génétique en se reproduisant entre individus différents pour favoriser l’évolution. C’est la théorie de Darwin !

Néanmoins, dans la nature, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Les plantes étant immobiles, elles dépendent de leur environnement extérieur pour se reproduire : le vent, les pollinisateurs… Ainsi, pour pallier les aléas environnementaux leur empêchant de se reproduire de manière classique, certaines plantes ont développé comme solution de secours l’autofécondation, ou autogamie.

Pour produire les graines qui ont un risque de s’hybrider entre elles, les professionnels utilisent des filets anti-insectes. Ici, un rang de production de graines de choux chez le semencier Agrosemens dans la région Aixoise.

C’est le cas de la violette qui s’autoféconde par temps froid et humide, défavorable à la présence des insectes pollinisateurs. Ainsi, la plante possède à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles très proches. Il suffit alors d’une petite secousse (provoquée par le vent par exemple) pour que ses organes se touchent et que la pollinisation ait lieu.

De plus, les organes mâles et femelles arrivent à maturité en même temps, permettant l’autopollinisation des fleurs ! Cela dit, les inconvénients sont également nombreux : les fruits peuvent être malformés, plus petits, moins nutritifs… Certaines plantes s’en sortent pourtant très bien en appliquant l’autogamie, et ce sont celles-ci qui nous intéressent, jardiniers désireux de se procurer des graines à moindre coût, réalisables facilement et plus adaptées à nos conditions environnementales.

Sur ce schéma de fleur de tomate, on voit qu’étamine et ovaire se touchent. La pollinisation est donc très aisée : il suffit d’une secousse et le tour est joué !

Quels sont les légumes autogames ?

Si vous débutez dans la production de graines, les plantes autogames sont également les plus simples à reproduire. Vous n’aurez pas besoin de conserver un nombre important de porte-graines pour assurer une production de graines. Par exemple, produire ses semences de chou n’est pas des plus simple. En effet, les fleurs de choux sont auto-incompatibles : le pollen de chacune des plantes est viable, mais il ne peut féconder que les fleurs d’un autre chou. Impossible donc, en théorie, de produire des graines sans avoir un minimum de deux porte-graines. Pour les choux, il en faudra six de la même variété pour obtenir un brassage génétique suffisant, mais idéalement une quinzaine voire une vingtaine de porte-graines pour un brassage génétique optimal. Cela n’est pas accessible à tous les jardiniers de posséder autant de porte-graines : la place manque souvent !

Le basilic est autogamme, il suffit de le laisser fleurir et sécher pour récolter les graines.
L’aubergine l’est également, laissez un ou deux fruits mûrir sur pied jusqu’au bout pour y récupérer vos semences.

Qu’est-ce qu’un porte-graines ?

On parle d’une plante « porte-graines » pour désigner une plante que nous allons conserver jusqu’à maturité, ou autrement dit, jusqu’à la production de ses graines, en vue de récolter ces dernières pour la production de ses semences. Chez certaines, on peut consommer les fruits et récolter les graines, mais pour d’autres il faudra « sacrifier » la récolte, comme la carotte qui n’est plus consommable lorsqu’on la laisse monter en graines.

Des exemples

Voici quelques exemples de légumes autogames, facilement reproductibles : les physalis, les aubergines, les poivrons, les piments, les tomates, les laitues, les pois, les pois chiches, les haricots, les fèves, la tétragone, l’épinard de malabar, la mâche, l’amaranthe… Que ces plantes soient autogames ne signifie pas qu’elles ne peuvent se croiser, mais que vous pourrez lâcher prise sur les questions de pollinisation croisée pour un bon brassage génétique : elles se multiplient très bien toutes seules, et font des graines parfaitement viables de génération en génération.

Ainsi, si vous souhaitez commencer à produire des graines, dirigez-vous vers ces espèces en premier, ce sont les plus simples à multiplier. Par la suite, en produisant un grand nombre de semences, vous enclencherez des cercles vertueux dans vos pratiques.

Certains légumes comme les choux (kale ici) ne sont pas autogamme. Je vous conseille de commencer votre production de semences par des graines plus faciles à reproduire, cela augmentera votre satisfaction et au moins, vous serez sûr de ce que vous planterez. Crédits photo : Agrosemens

Par exemple, les haricots se font souvent grignoter à leur germination par les limaces. Si vous disposez d’une énorme quantité de semences, vous craindrez moins une attaque de limace : il vous suffira de semer beaucoup plus pour nourrir les limaces et avoir suffisamment de plants qui lèvent. Cela permet d’oublier le ferramol et autre mode de gestion interventionniste comme la chasse à la limace le soir venu, causés par le stress de voir tout son semis décimé en quelques heures… Malgré tout, les grosses attaques sont néanmoins possibles. Avec de grandes quantités de semences, on pourra se permettre de ressemer une deuxième fois toute la rangée…

Posséder beaucoup de semences, c’est aussi s’offrir le plaisir de les échanger avec d’autres jardiniers, vos proches, sans débourser un centime ! Lorsque l’on constate le prix des semences, de pois ou de haricots par exemple, cela peut être très intéressant.

Enfin, comme nous vous le conseillions déjà dans le dernier numéro, il est aussi possible de ne pas s’embêter avec toutes ces méthodes, et tout simplement laisser la plupart des légumes monter en graines. Vous aurez de belles surprises, et des récoltes plus abondantes !

Jardiniers, nous vous laissons avec quelques fiches de production de graines et vous souhaitons de bonnes expériences.

Les variétés populations sont faciles à reproduire une fois acheté. Ci dessus, une variété de maïs intéressante pour les pop corn : le maïs fraise.

Produire ses graines de tomates

Cueillir un fruit bien mûr, et extirper les graines contenues dans la pulpe. Ensuite, il y a deux écoles et deux méthodes, nous les avons testées et elles fonctionnent toutes les deux.


Méthode n°1 : Rincez les graines au chinois, faites-les sécher sur un linge quelques jours, et stockez-les dans de petits sachets, enveloppes, ou autre à l’abri de la chaleur et de l’humidité.

Méthode n°2 : Prenez les graines, rincez-les grossièrement pour enlever le surplus de pulpe. Ensuite, mettez les graines dans un bocal avec de l’eau et laissez fermenter 1 à 2 jours pour détruire leur enveloppe gélatineuse, censée inhiber la germination. Rincez ensuite vos graines, faites-les sécher et stockez-les.


Faculté germinative : 5 ans en moyenne, jusqu’à 8/10 ans selon les variétés et les modes de stockage

Produire ses graines de laitue

Il sera difficile de résister à la tentation de les manger, mais commencez par sélectionner les plus beaux plants et laissez ceux-là monter en graines. Les laitues d’hiver seront traitées comme des bisannuelles, elles monteront en graines au printemps, tandis que les autres laitues, comme les laitues de printemps, monteront en graines l’année du semis.

Certaines batavias à la pomme très dense pourront être aidées en coupant ou en enlevant les feuilles du haut de la pomme. Cela facilitera l’émergence de la tige porte-graine.

En zone venteuse, on peut tuteurer les porte-graines si le vent menace de les coucher.

Lorsque la laitue commence à fleurir, la production de graines est lancée ! Le délai entre la floraison et la formation de la graine est de deux à trois semaines. Les fleurs s’épanouissant progressivement, la récolte des graines s’échelonne sur quelques semaines. Vous pouvez donc passer tous les 2/3 jours et secouer le porte-graine pour en récolter les graines qui tomberont. Un grand sac peut être utilisé pour récupérer les graines.

Vous pouvez également attendre qu’environ la moitié des graines semblent mûres, et prélever la plante en entier. Vous pourrez ensuite la mettre dans un sac, la secouer et récolter les graines. Dans tous les cas, une fois vos semences récoltées, laissez-les sécher quelques jours dans un endroit sec et ventilé, et stockez-les.

Faculté germinative : 5 ans en moyenne, jusqu’à 9 ans selon les variétés, les conditions de stockage…


Vous pouvez également laisser les graines tomber au sol et attendre des semis spontanés, très courants avec la laitue.

Produire ses graines d’aubergines

Les graines d’aubergines ne sont mûres que lorsque les fruits commencent à flétrir, en prenant une coloration brune, ou un peu jaune. Pour l’extraction des graines, la méthode est quelque peu laborieuse. Il faudra bien déloger les graines manuellement. Certaines personnes découpent les aubergines et les passent au mixeur avec de l’eau, à petite vitesse. Vous pouvez également faire sécher les fruits au soleil si le temps le permet. L’extraction sera plus aisée. Une fois vos graines extraites, rincez-les abondamment et faites-les sécher rapidement : elles peuvent germer très facilement si elles sont humides. Ensuite, après ce séchage rapide, finissez par un séchage classique dans un endroit sec et ventilé, puis stockez-les.


Faculté germinative : 5/6 ans en moyenne, et jusqu’à 9/10 ans.


Envie d’aller plus loin ?

Si cela vous intéresse, nous vous proposons un peu de lecture supplémentaire 😀

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13 Commentaires

  1. Très intéressant.

    Réponse
  2. Je vous ai rejoins depuis peu et vos articles sont tous très intéressants — celui-ci entre autres. Merci

    Réponse
  3. Merci pour toutes ces explications claires et précises

    Réponse
    • Salut Guillaume, toujours aussi sympa et techniques toutes ces infos. Merci. 👍😊

      Réponse
      • Merci à vous pour ces conseils

        Réponse
  4. C’est effectivement très agréable de pouvoir retrouver les articles de la revue sur le blog.
    Excellente idée, merci !

    Réponse
  5. C’et trop bien

    Réponse
  6. Merci beaucoup pour ces informations.

    Réponse
  7. Merci pour toutes ces précieuses informations sur les semences. Je serai le premier à m’abonner lorsque LE POTAGER permacole sera enfin disponible en version papier car j’ai besoin d’un support physique pour lire. La balle est dans vôtre camps

    Réponse
    • J’ai le même souci, alors j’imprime depuis la première revue…

      Réponse
  8. Merci à vous pour ces conseils

    Réponse
  9. Bonjour, vos commentaires sont bien fait
    merci

    Réponse
  10. Moi aussi, ayant un problème de vision, je m’abonnerai a votre revue quand une version papier sera disponible.
    Je ne peux lire correctement sur écran.

    Réponse

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