Avoir un potager qui reste productif durant la saison froide, en voilà une bonne idée ! Olivier nous raconte son expérience à ce sujet et nous donne quelques astuces pour un potager d’automne/hiver réussi.
Ces dernières années, s’il y a un domaine sur lequel j’ai fortement progressé, appris, expérimenté, c’est bien le potager d’automne et d’hiver. À vrai dire, dans mes premières années, tout juste je savais qu’il était possible de récolter en arrière-saison et même au plein cœur de l’hiver. Et puis une fois les cultures de printemps, d’été, bien maîtrisées après de nombreuses années, me voilà à essayer quelques semis en plein été pour espérer un beau potager d’arrière-saison. Autant vous le dire de suite, j’ai eu d’innombrables loupés les premières saisons. Je vais vous expliquer pourquoi et dans le même temps, j’essaierai de vous relater au mieux comment transiter vers un potager qui pourra potentiellement vous offrir bon nombre de légumes pour les mois à venir.
Sommaire
Semer ou planter ni trop tôt, ni trop tard.
C’est sûrement la clé essentielle pour réussir votre potager d’hiver. Il faudra vous y prendre au bon moment. Simple à dire, mais quelle est cette période idéale avec toutes nos différences de climats ? Je commence par mon climat, le plus chaud. Inutile de planter avant début septembre ! Allez, on dira mi-août pour les plus impatients.
Sinon l’été encore bien présent risque de mettre fortement à mal vos jeunes plantules. Choux, épinards, navets, radis noirs, radis rouges, mâches… toutes ces cultures rêvent de conditions assez clémentes autour des 20° et surtout d’une humidité minimum pour bien se développer.
La mâche, les épinards plus encore, vous montreront un grand sourire sitôt la moindre pluie et des températures sous les 20/25°. Alors dans les régions chaudes, soyez patient, très patient !
Éventuellement, lancez vos semis en août, à l’ombre du plein « cagnard » pour ensuite avoir des jeunes plants à implanter en septembre au potager.
Pour les autres régions moins chaudes, c’est vous qui partez en avance alors qu’au printemps ce sont les régions les plus chaudes qui sèment et plantent les premières. Votre été est moins chaud, moins long et dès le mois de juillet, d’août, vous pouvez déjà semer (en godet c’est très bien) les cultures qui prendront place en août, septembre.
Si en septembre vous n’avez toujours pas fait vos semis, filez chez le producteur de plants du coin ou dans une jardinerie. Vous trouverez forcément des tonnes de plants de laitue, sûrement encore des blettes, chicorées et dépêchez-vous de semer vos épinards, vos radis rouges. Il commence à être tard pour semer des racines : navets, radis d’hiver, entre autres sont semés en août.
La saison prochaine, vous pourrez mieux anticiper encore en commençant votre potager d’hiver dès juillet. Mais vraiment, septembre est encore un beau mois pour planter à la folie.
Comment faire quand la place manque ?
Une grosse problématique se pose parfois. Comment transiter vers un potager d’hiver quand le potager d’été est encore plein ?! Les courgettes, tomates, concombres, haricots et autres cultures estivales se régalent et donnent à foison alors qu’on aimerait déjà implanter nos choux ou navets…
Pas le choix dans ce cas, il vous faudra justement en faire un !
Celui de laisser durer au maximum vos cultures estivales au risque qu’il soit trop tard ensuite pour enchaîner avec des cultures d’hiver.
Et pour ceux qui ont la chance d’avoir beaucoup de place, il suffira de laisser des parcelles libres qui accueilleront les semis et plantations en juillet, août, septembre, proches des cultures d’étés encore en place.
Ici j’ai quelques cultures estivales qui arrivent à bout de souffle fin août, les premiers plants de courgettes, les premiers plants de tomates qui ont tout donné et que j’arrache pour vite les remplacer par des choux, de la mâche, des semis d’épinards, navets, radis…
C’est vrai que c’est tout un art que cet enchainement et avec l’expérience vous anticiperez pour les saisons suivantes en vous disant « Tiens, là j’essaie de planter très tôt pour ensuite laisser la place à une culture d’arrière-saison, ici je laisse carrément la place vide pour une implantation de poireaux dès le mois de juillet, ici aussi une place vide pour une plantation de choux courant août, ici je préfère installer des engrais verts, ici j’apporte des gros amendements pour améliorer mon sol et on verra l’année prochaine pour le potager d’hiver, etc. »
Mes erreurs du passé
Ma plus grosse erreur, et répétée, a été de semer ou planter au mauvais moment, notamment trop tôt avec encore de trop fortes chaleurs. Les choux ont cramé, la mâche n’a rien voulu savoir, les épinards n’ont même pas germé !
Autre erreur, une mauvaise gestion des limaces ! Cette fois-ci j’avais bien attendu que l’humidité revienne, un joli climat doux de mi-septembre, mais les limaces aussi étaient au rendez-vous de cet automne revenu. Tous mes jeunes semis de navets et épinards se sont fait dévorer. Aujourd’hui j’accepte parfois de réguler avec une poignée d’anti-limace bio si jamais l’attaque est trop rude et qu’au final, je nourris les limaces bien plus que ma famille…
Enfin dernière erreur qui n’en est pas vraiment une, l’envie d’améliorer mon sol, ma terre, plus grande que l’envie d’avoir un beau potager d’hiver. À vrai dire nous avons déjà de belles récoltes qui se consomment tout au long de l’hiver, pommes de terre, patates douces, courges, potimarrons, butternuts, carottes, oignons… et dans le même temps j’accorde tellement d’importance à mon sol que je préfère parfois laisser une parcelle vide pour y additionner des couches de matières organiques et avoir un superbe sol au printemps prochain. Mais l’un et l’autre sont parfois possibles. Une parcelle de choux pourra accueillir des apports de matières organiques en prenant soin de les contourner au moment d’additionner les couches de composts, fumiers, paillages divers. Ce sera plus difficile avec des parcelles remplies de betteraves, carottes, navets, salades…
Là aussi il faudra faire un choix selon vos préférences et parfois votre sol. S’il est déjà très riche, bien texturé, fertile, très « chouette » alors quelques poignées de composts suffiront au printemps. Mais par ici avec un sol argileux, caillouteux, compact à l’origine, j’apprécie de jardiner sur une bonne proportion de matières organiques apportée à l’automne, quitte à parfois moins profiter d’un potager d’hiver.
Focus sur les choux
C’est à mon sens la culture qui représente le mieux le potager d’hiver même si on peut les cultiver toute l’année.
Mais un chou consommé en hiver, c’est comme une raclette consommée en pleine montagne, ça n’a pas la même saveur !
J’avoue cultiver assez peu les choux au printemps ou en été tellement on les préfère pour le plein automne et le plein hiver quand le potager est beaucoup moins généreux qu’en pleine saison. Il vous faudra choisir de bonnes variétés. Vérifiez sur les sachets que les dates de semis correspondent au plein été, juin, juillet ou septembre.
La plupart des choux d’hivers se plantent en juillet dans la plupart des climats (en dehors des climats très doux). C’est un des premiers légumes d’hiver à planter. Avant les choux, on aura souvent planté les poireaux et les céleris raves.
En les plantant au bon moment, vous pouvez espérer des récoltes en fin d’automne ou sinon, vos choux passeront l’hiver dehors pour reprendre leur croissance au tout début du printemps. Ils vous offriront de belles récoltes précoces quand là aussi le potager n’est pas encore très abondant. Demandez éventuellement conseil au vendeur pour mixer vos achats et prendre des choux qui arriveront à maturité en fin d’automne, début d’hiver, et d’autres qui arriveront à maturité au printemps une fois l’hiver terminé. Quoi qu’il en soit, vous récolterez des choux dans les mois à venir à condition que votre sol soit riche, nous y reviendrons tout à l’heure. Oubliez le goût des choux du commerce, notamment pour les choux de Bruxelles, le chou cabus, le chou-fleur, le chou de Milan.
J’ai en souvenir chaque saison le chou cabus simplement revenu dans un faitout avec un peu d’huile d’olive, si simple et si bon… vraiment.
Et les salades ?!
Je les ai laissées volontairement de côté pour vous en parler en toute fin de cet article.
Avec les choux, elles sont pour nous une forte consommation d’arrière-saison. Nous consommons des salades un peu toute l’année sauf les mois d’été où le potager offre tellement d’autres cultures, il faut le dire, plus tentantes encore.
Les salades devront obéir au même critère clé que les autres cultures d’automne et d’hiver, semées et plantées au bon moment ! Il existe mille et une variétés, que ce soit les laitues pommées, les laitues asperges, les laitues à couper ou les scaroles par exemple. Choisissez celles adaptées à cette période de l’année. Semez en août, septembre et même octobre pour les variétés les plus hivernales. Le sujet a été abordé dans le dossier de mai/juin 2021.
Richesse du sol
N’oubliez jamais une autre clé essentielle, la richesse de votre sol. Les choux par exemple font partie des cultures les plus gourmandes. Et si vous les implantez après une culture déjà très gourmande, ils risquent de faire grise mine. Si jamais c’est le cas, réagissez avec un engrais organique complet, assez riche en potasse et magnésium, qui libèrera des minéraux lentement dans les semaines et mois à venir.
Pour les épinards, salades, blettes, ce sont des cultures feuilles qui préfèrent des ressources azotées. Pensez à l’urine, aux purins, au sang desséché. J’insiste sur le fait que ces apports sont parfois inutiles si votre sol est très riche, fortement amendé les mois précédents en composts, fumiers et autres paillages. Évitez de mettre de l’engrais sitôt passé début septembre, ce serait dommage que ces apports finissent lessivés. À ce titre, réduisez les doses : le but est de donner un petit coup de pouce en début de croissance !
Serre ou mini-tunnel
Avec un peu d’équipement, vous pourrez plus encore développer un beau potager d’automne et d’hiver. Ici, sitôt ma serre vidée des cultures estivales, mi-septembre pour les plants d’aubergines, poivrons, patates douces, j’enchaine direct avec des plantations de betteraves, blettes, aromatiques, semis de navets, épinards, radis noirs et radis rouges. Dans des régions au climat plus froid, ce microclimat sous serre ou mini tunnel vous permettra de semer ou planter plus tard même s’il ne faut pas trop tarder non plus. Les jours raccourcissent, la lumière diminue et les légumes ont en besoin. Même s’il fait bon sous serre, semer en octobre est souvent trop tard pour espérer des belles récoltes par la suite.
Pour finir, faute d’exhaustivité de ne pouvoir vous parler de toutes les cultures qu’il est possible d’implanter au potager début septembre, je vous mets une liste des différentes cultures envisageables. Septembre est encore un très beau mois pour implanter un bon nombre d’entre elles.
Et pour la saison prochaine, dès juillet en climat frais, vous pourrez choisir dans cette liste, les notes de couleurs qui composeront votre prochain potager d’automne et d’hiver.
Bons semis et bonnes plantations !
Texte : Olivier Puech
La liste :
Plantations :
Choux de Bruxelles
Choux de Milan
Choux cabus
Chou-fleur
Chou brocoli
Chou Kale
Pak-Choi
Chou-rave
Blettes
Betteraves
Laitues
Chicorées
Mesclun
Mâche
Semis :
Épinards
Navets
Radis rouges
Coriandre
Persil
Roquette
Cresson
Choux de printemps
Mâche
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