Vos tomates semblent piquées et lorsqu’on les ouvre, une partie de la chaire est blanche et dure ? Aucun doute, ce sont les punaises qui se régalent de vos légumes. Essayons de voir qui sont-elles, et surtout, comment s’en débarrasser.
Qui sont ces envahisseuses de la tomate ?
Plusieurs punaises s’attaquent aux plantes cultivées ainsi qu’aux adventices au jardin. La plus commune est la punaise verte ponctuée, ‘Nezara Viridula’. On la reconnaît à sa carapace verte flashy. Elle se distingue de la punaise verte commune, moins gourmande, par trois points blancs et deux minuscules points noirs alignés au niveau des pattes avant de l’insecte. La punaise adulte sort de son hivernation lorsque les températures extérieures dépassent 21°C. Elles apprécient un temps chaud et sec pour se développer.
Sommaire
Comment repérer la punaise ?
Lorsque la punaise passe à l’attaque, elle se multiplie très rapidement. Une tomate normalement mûre se colore généralement en rouge avec la peau lisse et brillante. Lorsque cette dernière est envahie par les punaises, la peau de la tomate reste décolorée, souvent blanche et dure par endroit. La peau du fruit quant à elle est recouverte de dizaines de petits points qui sont en fait les piqûres effectuées par les hémélytres. Tout comme les pucerons, il s’agit d’insectes piqueurs suceurs. Ils percent la peau de la tomate avec leur trompe et pompent la pulpe de la tomate. Une fois la punaise installée, elle se reproduit très rapidement et gagne souvent tous les plants de tomates. Elles s’attaquent aussi à d’autres légumes, mais apprécient particulièrement la pulpe aqueuse et rafraîchissante de nos tomates.
Comment s’en débarrasser?
Ce n’est pas une légende, lorsque l’on écrase une punaise, ça sent vraiment mauvais ! Cette odeur nauséabonde est en fait un répulsif pour ses potentiels prédateurs. Lorsque la punaise se sent en danger, elle vide des glandes odoriférantes qui font fuir l’ennemi. Si ce moyen de défense fonctionne sur nous autres humains, la plupart des autres animaux et insectes n’apprécient pas non plus cette odeur, elle a donc peu de prédateurs naturels.
Les méthodes manuelles : le ramassage
Pour se débarrasser efficacement des punaises, la méthode la plus efficace dans un potager est la lutte mécanique. Dès le début de la saison, les punaises apparaissent. C’est à ce moment-là qu’il faut agir pour contenir une future invasion. Le jardinier doit donc passer régulièrement entre les plants de tomate et venir écraser scrupuleusement l’envahisseuse à tous ses stades de développement. Les œufs de la punaise sont facilement reconnaissables : ils forment des petites grappes très bien rangées en dessous des feuilles, qui se caractérisent souvent par des formes géométriques régulières.
Si vous n’avez pas peur de l’odeur, vous pouvez systématiquement écraser punaises et œufs. Si votre nez est plus sensible, vous pouvez les faire tomber dans un récipient d’eau, elles meurent de noyade en quelques minutes.
Ça semble cruel, mais si vous ne régulez pas leur nombre au potager, vos récoltes peuvent s’en trouver fortement diminuées.
Certains jardiniers utilisent aussi un aspirateur sans fil pour “récolter” les indésirables. Je n’ai pas personnellement usé de cette méthode qui serait très efficace, attention en revanche, l’odeur nauséabonde de la punaise risque d’imprégner votre aspirateur. Et ce n’est rarement l’odeur que l’on souhaite sentir lorsque l’on fait le ménage dans nos intérieurs!
Ce moyen de lutte est long et fastidieux, voyons ce que nous pouvons faire d’autre pour lutter contre ce ravageur de la tomate.
Les traitements et décoctions anti-punaise?
Il existe de nombreux insecticides qui tuent en très grande majorité les punaises. Si ces produits sont utilisés par les professionnels, pas question de les mettre en place dans notre potager bio. En revanche, certains jardiniers ont repéré quelques traitements qui auraient un impact négatif sur le développement des punaises.
– La punaise, comme de nombreux insectes, n’apprécie guère la forte odeur de l’ail. Il agit comme un répulsif et non comme un insecticide. Quelques gousses écrasées dans de l’eau et pulvérisées sur vos tomates écartent les punaises de vos plants. Cela ne dure malheureusement qu’un temps, dès l’odeur dissipée, la punaise revient à l’assaut.
–La terre de diatomée est très meurtrière sur les punaises au potager. Il suffit de saupoudrer les plants attaqués avec un peu du produit. Il s’agit d’une poudre composée de silice, qui tue la plupart des insectes qui entrent en contact avec. La terre de diatomée agit comme des micro bouts de verre qui lacèrent l’exosquelette de la punaise et la tuent en l’asséchant. Heureusement, elle est complètement inoffensive pour nous ! Cette méthode est efficace, mais à utiliser avec modération : elle n’est pas sélective et tue la plupart des insectes, y compris ceux qu’on cherche à favoriser au potager. De plus, la terre de diatomée craint l’humidité : à chaque pluie le traitement est rincé et devra être renouvelé.
Les plantes compagnes et répulsives ?
Comme nous l’avons évoqué plus haut, la punaise n’apprécie guère les odeurs fortes. Les plantes comme la tanaisie, l’absinthe, les alliacées ou la menthe auraient la réputation de les repousser. Dans les faits, rien de moins sûr. Malgré leur présence au potager, les punaises sont bien présentes sur les tomates. Même si ces plantes peuvent avoir un effet sur la présence de punaises, elles ne les écartent pas pour autant de votre potager.
Ajout : Christine nous dit dans les commentaires de cet article que la tanaisie n’a pas fonctionné chez elle ! Merci pour le témoignage.
La mouche à plume : un parasite de la punaise de la tomate
Comme nous l’avons évoqué, l’odeur de la punaise repousse la plupart des êtres vivants. Pourtant, il existe un petit insecte, la mouche à plume qui peut réguler la présence des punaises dans nos plantations. Il s’agit d’un petit diptère d’environ un centimètre que l’on distingue facilement des mouches domestiques par ses ailes. Leurs couleurs mêlent le noir et le “feu” sur les ailes et le thorax. L’abdomen quant à lui est sombre chez la femelle et orange chez le mâle. Elle est dite “à plumes” en référence à de petites soies en forme de plume à l’arrière des tibias postérieurs. Cette mouche originaire d’Amérique est arrivée en Italie dans les années 60 et s’est depuis répandue en Europe.
La mouche à plume est un parasite de la punaise verte ponctuée qui s’attaque à nos tomates. Le diptère pond ses œufs sur la carapace des punaises adultes et dès l’éclosion, les larves tentent de pénétrer la carapace de la punaise. Sur les quelques dizaines d’œufs pondus, seule une larve pénètre la punaise. Elle se développe dans son corps jusqu’à atteindre sa taille maximale.
À ce moment-là, la larve quitte l’hôte sous forme d’une pupe en se laissant tomber au sol. La punaise meurt alors quasiment immédiatement. Au bout d’une dizaine de jours, la pupe éclot et fait naître une nouvelle génération de mouches adulte. Elle pourra se reproduire trois fois par saison.
À l’âge adulte, la mouche se nourrit de nectar, notamment de plantes de la famille des apiacées (ou ombellifères). Il est donc tout à fait possible de l’attirer en laissant de nombreuses fleurs de cette famille au potager et au jardin. On peut par exemple citer la carotte sauvage, mais aussi le persil, le cerfeuil, la coriandre ou encore l’aneth. Vous arriverez peut-être ainsi à attirer durablement cet auxiliaire au plus près de vos cultures !
Les filets anti insectes
On en parle pour beaucoup de ravageurs, mais les filets anti-insectes n’ont plus à prouver leur efficacité! Il s’agit d’un voile aux mailles très fines qui empêchent totalement les insectes de pénétrer sous le filet. Même si les tomates ne sont pas les plus faciles à protéger au vu de leur taille, cette technique fonctionne à merveille sur les punaises. Les tomates se pollinisent avec le vent, vous n’aurez donc pas de soucis de pollinisation même avec ce type de barrière physique aux punaises.
Si vous possédez une serre, vous pouvez tout à fait remplacer les portes par du filet anti insecte en été afin de la rendre complètement insect-proof ! Le seul bémol de cette technique : son prix. Il faut compter autour de quelques euros pour chaque mètre carré protégé pour des filets de qualité. Cette méthode de lutte a donc de nombreux avantages hormis son prix qui peut être compensé par la longévité des filets.
Un phénomène accentué par les sécheresses répétitives
Le cycle de vie de la ‘nezara viridula’ évolue beaucoup en fonction de la température. À 20°C le développement de la punaise vers sa taille adulte prend en moyenne deux mois. À 30°C, il ne prend plus que trois semaines. Cela explique pourquoi on commence à apercevoir des punaises dès le printemps. Le dérèglement climatique multiplie les périodes de sécheresse et surtout, fait augmenter les températures moyennes.
Des ravages par les punaises existent depuis longtemps, mais ce n’est que depuis quelques années que cela pose de véritables problèmes. Comme la plupart des ravageurs au potager, la punaise apprécie les températures plus élevées, ce qui entraîne une augmentation massive des populations d’année en année. Les maraîchers professionnels se tournent de plus en plus vers des solutions insect-proof à base de filets afin de garantir une récolte tous les ans. Ces invasions vont avoir tendance à s’accentuer avec les variations actuelles du climat. Si on lutte contre ces ravageurs, on peut aussi s’orienter vers des variétés de tomates moins sensibles à la punaise.
Des tomates plus résistantes que d’autres
Les punaises apparaissent dès que les températures estivales s’installent. Pour éviter que toutes les tomates ne se fassent attaquer, vous pouvez tenter de diversifier vos variétés. Sans étude à l’appui, de nombreux jardiniers relèvent davantage de piqûres de punaises sur les belles tomates rouges et charnues. En cultivant des tomates type green zebra ou bien des tomates blanches, les attaques seraient moins courantes. De façon générale, les punaises s’attaquent plus aux grosses tomates à la peau fine qu’aux tomates cerises ou qu’à celles à la peau épaisse. Vous pourrez donc observer moins d’attaques sur ces variétés.
En choisissant des variétés précoces, vous devriez commencer vos récoltes avant même d’avoir subi des attaques ! Si vous êtes sujet aux punaises, prenez le temps d’observer vos tomates. Quelles variétés sont plus résistantes et lesquelles se font ravager ? Tirez des conclusions sur vos observations et tentez, dès la saison prochaine, de sélectionner les tomates qui sont les plus résilientes face aux invasions de punaises.
Étaler les plantation de tomates
Dans le même type de conseils, vous pouvez étaler vos plantations pour augmenter vos chances de récoltes saines. En commençant vos plantations tôt et en les échelonnant assez tard, vos tomates mûrissent au fur et à mesure. De ce fait, vous commencerez vos récoltes plus tôt, avant que la punaise ne sévisse. Si ce n’est pas une année où la punaise est virulente, vous pourrez continuer à récolter tout l’été et jusqu’au début de l’automne. Cette technique permet de continuer à récolter un minimum chaque année en espérant que tous les plants ne produisent pas en même temps, donc ne sont pas sensibles aux mêmes ravageurs et maladies dans la saison.
Le cycle de reproduction de la punaise
La punaise verte ponctuée pond ses œufs dès que la température atteint 18°C. Ces derniers sont blancs cassés, avec la forme d’un petit tonneau regroupé en grappes ou nids d’abeilles sur la surface inférieure des feuilles. Les œufs sont déposés avec une régularité impressionnante, on dirait parfois presque quelque chose d’artificiel. Une fois les œufs éclos, des larves rouges foncées et tâchées de blanc se dispersent sur les feuilles de la plante hôte. La larve de punaise passe par cinq stades larvaires. Elle ne fait qu’à peine 1 mm après l’éclosion et atteint jusqu’à 1cm avant son passage vers le stade adulte.
La punaise est de couleur vert clair en été et sera d’une teinte brune, violacée en automne et en hiver. Les adultes hivernent ensuite dans des structures à proximité des plantes hôtes (bordures, arceaux de serre…) Dès le printemps prochain, les punaises recommenceront leur cycle une fois les températures plus clémentes.
En luttant contre ces parasites, vous évitez de perdre toutes vos tomates, mais vous agissez aussi à plus long terme. Chaque sujet en moins à la fin de l’été ne pondra pas de nouvelles portées au printemps. La lutte parasitaire au potager se fait donc sur du long terme, et progressivement vous pouvez essayer d’enrayer au maximum la pullulation du ravageur au sein de votre jardin.
Si vous avez des problèmes au jardin avec les punaises et que vous avez des astuces pour vous en défaire, n’hésitez pas à nous les partager en commentaires ! 🙂
Bonjour Jean-Baptiste. Je voudrais témoigner que la tanaisie ne repousse pas les punaises de jardin. J’en ai plusieurs pieds qui sont colonisés par ces dernières (idéal pour les attraper en tous cas !).
Merci pour cet article très à propos cet été.
J’arrive ici à contenir les reproductions en les écrasants systématiquement.
Merci Christine, je viens d’ajouter votre témoignage à l’article !
Est-ce qu’une tomate attaquée par la punaise est digeste? Autrement dit, ingérer une tomate légèrement piquée, est ce contre indiqué et pourquoi?
Oui aucun souci, seulement le goût qui est parfois transformé.
Bonsoir Combien de temps faut il attendre pour manger des tomates apres un traitement avec de la Terre de diatomée merci de vos réponses
Vous pouvez simplement les rincer et les manger dans la minute, c’est pas un souci 🙂
Bonsoir,
J’ai des punaises sur mes tomates mêlées à des soucis, et pas de punaises sur une plate-bande sans soucis. J’ai cherché sur Internet pour savoir s’il y avait un lien, et j’ai trouvé ça : https://www.grab.fr/le-souci-plante-hote-de-macrolophus/
Bonjour Dominique, je viens de lire l’excellent article sur le macrolophus et l’utiisation des soucis. Je l’ai téléchargé afin de le transmettre à d’autres. Un grand merci.
Bonjour, la variété green zebra n’est absolument pas répulsive contre les punaises. Chez moi, ce sont même parmi leurs préférées avec la cornue des Andes… Au vu des étés de plus en plus secs, ils serait intéressant de lister les variétés répulsives. On m’a parlé de la cherokee, il y aurait la fuzzy peach… Si quelqu’un à d’autres pistes…