Du vert, du bon, de la biomasse, de la fertilité pour le sol, du visuel qui en impose, des ravageurs parfois… Voilà tout ce qu’il me vient à l’esprit quand je me remémore les souvenirs liés à cette culture de fèves.
Comme tout bon jardinier, j’ai parfois été désemparé devant une invasion de pucerons. Nous y reviendrons, il y a moyen de cohabiter avec eux et espérer de belles récoltes.
Comme tout bon jardinier, j’ai appris à valoriser cette culture. D’abord en sachant cuisiner les graines autant que les cosses pour optimiser les récoltes. Ensuite, en sachant le rôle qu’elle va jouer pour notre sol, car, nous le verrons, la fève est un formidable « engrais vert ».
Enfin, j’ai appris à valoriser cette culture en recyclant toute sa biomasse en paillage de surface ou en compost. Au final la boucle est bouclée, il ne reste rien des graines semées. Ah si, justement ! On pourra laisser quelques plants sécher et récupérer notre semence de départ. Entre la graine semée et la graine récoltée, toute une histoire que j’ai à vous raconter…
Texte et photos : Olivier Puech
Sommaire
Le semis
La fève se sème à une période de l’année où les timings de plantation sont les plus divergents entre les différents climats. Dans le Sud et l’Ouest, l’hiver se termine assez vite et la fève qui n’a besoin que de 6° ou 7° pour germer pourra se semer dès le début du mois de février. D’ailleurs, de nombreux jardiniers avertis ont semé à l’automne pour avoir des récoltes plus précoces encore. La fève résiste à de petites gelées. Ici au potager, j’étale toujours mes plantations entre quelques graines semées mi-novembre et d’autres entre mi-février et mi-mars.
À l’inverse, dans les régions les plus rigoureuses, la fève attendra la mi-mars, parfois même début avril pour rejoindre la pleine terre. Tant que la graine n’aura pas germé (10 à 20 jours entre le semis et la germination), un gel n’aura pas d’incidence. La graine sera protégée sous terre.
Par contre, une fois la culture germée, sortie de terre, elle pourra supporter des gelées allant jusqu’à -5°, mais au-delà, cela risque de lui être fatal.
Alors, selon votre position géographique, semez entre mi-février et mi-avril, que la terre ne soit pas trop gorgée d’humidité et que les premières journées avec un peu de douceur (10/15°) commencent à pointer le bout de leur nez. Deux façons se présentent pour implanter nos graines. Soit on sème une graine seule dans chaque trou, espacé de 10 à 15 centimètres, ou en poquets de 3 ou 4 graines qu’on espacera alors de bien 30, 40 centimètres.
Ici elles se plaisent énormément et il m’arrive que les pieds atteignent ma hauteur. Non, je ne suis pas si petit que cela ! Ce sont les pieds qui sont fort vigoureux et qui montent à plus d’1.50 m.
Je vous conseille ainsi d’envisager un tuteurage, surtout si vous êtes en région ventée. On pourra encercler un rang avec des fils bien tendus entre des piquets ou encercler avec un grillage type « grillage à mouton ». Elles pourront tenir sans aide de tuteur, mais on aura comme une épée de Damoclès à craindre un fort coup de vent et voir sa culture couchée au sol. Dans l’idéal, espacez vos semis, une ligne de 25 graines tous les 15 jours et vous aurez déjà de très belles quantités, de quoi vous offrir plusieurs repas familiaux.
Olivier a réalisé un article sur le tuteurage des petits pois, globalement, c’est la même chose pour les fèves.
Les variétés
Elles ne sont pas en dizaines de milliers comme pour les tomates, mais suffisantes pour déjà nous offrir de l’originalité ou de la productivité selon nos envies, nos priorités.
La plus connue est la fève d’Aguadulce, une garantie de belles récoltes, des cosses très imposantes, des plants costauds et verdoyants. La fève longue de Séville se classe juste derrière, une autre garantie de belles récoltes.
Viennent ensuite des variétés plus originales. Il me vient de suite à l’esprit la fève « Crimson Flowered ». Regardez sur la photo, la couleur juste sublime de sa floraison. C’est tout simplement un véritable spectacle au potager qui annonce une nouvelle saison.
J’en suis émerveillé. Je revois le soleil du soir se refléter dans ses fleurs. D’ailleurs je pense refaire cette variété cette saison. Trois ans que je ne l’ai pas semée au potager et clairement elle me manque. De petite taille, elle n’aura pas besoin de tuteur. En contrepartie, la productivité sera moindre. Autres variétés, cette fois-ci aux grains somptueux, la « Grano Violetto » aux couleurs pourpres, violettes. Cette fois-ci ce n’est pas la floraison, mais les grains qui sont ainsi colorés. Enfin, la Karmazyn, aux grains rosés. Ces deux variétés sont très gourmandes et offrent une diversité de couleurs toujours agréables à contempler.
D’autres variétés encore, The Sutton, Express, Red Epicure, Stéréo, Robin Hood, Luz de Otono (semis en août pour récolte d’automne!), Hangdown Grünkernig…
Parcourez les sites de semenciers sur le net à leur recherche et craquez au gré de vos envies. Elles ont toutes une bonne raison d’être au cœur de vos potagers.
Les ravageurs
Cette culture est constamment associée aux pucerons. Je ne sais pas s’il existe un jardinier qui ait fait des fèves sans en avoir. Et parfois, ils sont si nombreux que l’on ne voit pas l’ombre d’une récolte… Cela m’est arrivé, notamment les premières années. J’ai traité un peu au savon noir (j’ai extrêmement de mal à traiter avec quoi que ce soit au potager, je ne fais aucun traitement depuis des années). J’ai parfois étêté les plants pour enlever la cime, là où les pucerons font la java !
Mais souvent j’ai laissé aussi cette population envahir de nombreux plants dans l’espoir d’attirer des prédateurs, dans l’espoir d’un équilibre futur.
En effet, c’est ce qu’il se passe depuis quelques années. Les pucerons sont de moins en moins présents (ce serait mentir de dire qu’ils sont absents) et ne dérangent que très peu cette culture.
Des problèmes avec les pucerons au potager ? Nous vous proposons un article avec tous nos conseils pour vivre avec les pucerons avec au potager !
Connaissez-vous les allomones ?
Les fèves sont capables d’en sécréter. Ce sont des hormones qui sont comme un cri de S.O.S, sécrétées par les plants de fèves. Elles appellent à l’aide, se sentant attaquées. Évidemment si l’on traite, si l’on s’agite à tout tuer, supprimer, alors il n’y aura point de S.O.S, point de prédateurs attirés, point d’équilibre à espérer. C’est peut-être enjolivé ce que je vous témoigne, mais je reste convaincu que de ne pas trop agir « contre » ces ravageurs permettra la mise en place d’un équilibre naturel les prochaines saisons. À vous de trouver « votre » équilibre entre savon noir, étêtage, ou non-agir.
+ de 90%
C’est le pourcentage de pucerons d’une colonie que peuvent réussir à détruire les guêpes parasitoïdes en une année. Jamais 100%, car ils pensent aux générations futures : pas folle la guêpe ! Il faut avouer que ce chiffre est tout juste impressionnant et donne envie de ne pas intervenir sur les pucerons et de se concentrer sur l’accueil de ces guêpes !
Bien entendu, pour arriver à de tels résultats, le jardin doit être un havre de paix pour la biodiversité et offrir des habitats de choix pour ces précieux auxiliaires… Le seul inconvénient de ces régulations naturelles et qu’elles n’arrivent pas aussi vite qu’on le souhaiterait dans la saison.
Pour lire la fin de cet article, téléchargez le PDF extrait de notre revue numérique de janvier-février 2021 (l’article est gratuit bien entendu). Vous y trouverez tous les conseils d’Olivier sur la récolte des fèves, leur utilisation en engrais verts, mais aussi quelques recettes pour se régaler au printemps.
Vous êtes géniaux
Merci beaucoup
Merci 🙂
Bonjour,
j’ai téléchargé le » PDF extrait de notre revue numérique de janvier-février 2021. » mais j’ai reçu celui de sept.oct.2022.
qui ne parle pas des fèves…,,,,,,
Erreur….
Bonjour,
Ecrivez nous à contact@lepotagerpermacole.fr : on vous l’envoie ! 🙂
Super article! Merci!
Merci 🙂