L’automne pointe le bout de son nez, les feuilles changent de couleur et s’envolent, c’est le moment où les champignons font leur apparition en nombre. Je suis loin d’être un expert en la matière, mais au fil des cueillettes, j’ai quelques retours qui pourraient être intéressants pour les novices en la matière. Comment trouver des champignons ? Comment les reconnaître ? Je vais essayer de vous aiguiller un peu là-dessus.
Sommaire
Connaître avant de cueillir vos champignons
Je suis loin d’être mycologue et avec les champignons, on ne peut pas faire n’importe quoi. Certains sont toxiques, voire mortels et il ne faut pas jouer avec le feu. Si vous avez un doute, ne goûtez pas avant d’être allé les montrer à un pharmacien. Il existerait jusqu’à 20 000 champignons qui peuvent fructifier en formant un chapeau. Sur ces derniers, on en retrouve à peu près 500 comestibles (et pas forcément tous bons) et 500 toxiques (dont quelques-uns mortels). Difficile donc de tous les connaître.
Quels champignons connaître ?
Avant tout, ce que je vous conseille c’est de partir sur l’identification de 10 à 20 types de champignons. Commencez par essayer de reconnaître les 5 ou 10 champignons les plus dangereux qui poussent autour de chez vous. Cela vous évitera sûrement beaucoup de confusion. Pas de panique pour autant si vous touchez un champignon non comestible il n’y a pas de risque d’intoxication juste par le toucher !
Trouvez ensuite une petite liste des 5 ou 10 champignons comestibles qui poussent autour de chez vous. Ce sera déjà amplement suffisant pour vos prochaines sorties. Pour chacune de ses espèces, veillez à identifier les potentielles confusions qui vous permettront au mieux de reconnaître avec certitude le champignon désiré.
La liste des champignons toxiques qui poussent en Corrèze, vers chez moi :
- Amanite phalloïde
- Amanite tue-mouche
- Amanite panthère
- Coprin noir d’encre si consommation d’alcool avec le champignon
- Bolet de Satan
- amanite vireuse
- Bolet blafard
- Certaines russules comme la russule émétique
Liste des champignons comestibles que l’on peut trouver facilement en Corrèze :
- Girolles
- Chanterelles grises, en tubes et jaunes
- Trompettes de la mort
- Amanite des Césars
- Cèpe de Bordeaux
- Cèpe bronzé
- Cèpe des pins
- Cèpes d’été
- Bolet bai
- Coulemelles
- Rosés des prés
Cette liste est bien sûr non-exhaustive et changera selon votre région. On ne retrouve pas la morille ou la truffe par exemple qui ne sont pas très présents en Corrèze si ce n’est dans le causse corrézien, mais c’est peut-être le cas chez vous.
Pour apprendre à reconnaître les champignons, je vous invite à vous documenter. Il existe quelques livres références qui vous permettront d’identifier les champignons, je vous en mets quelques-uns juste en dessous.
- Guide des champignons – France et Europe par de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux
- Champignons d’Europe: Identifier 3 500 espèces de Régis Courtecuisse et illustré par Bernard Duhem et Philippe Vincenot
- Identifier 200 champignons comestibles ou toxiques: 1000 photos de Fridhelm Volk et Renate Volk
Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez également regarder la chaîne Youtube le Chemin de la nature qui met en image beaucoup de champignons comestibles et les confusions possibles. Pour les plus mordus qui souhaitent en savoir toujours plus, Christophe de Hody, le fondateur de la chaîne, propose également des sorties champignons et des formations (dont certaines en ligne). Il existe d’autres chaînes Youtube assez intéressantes comme Passion Champignon.
C’est parti pour la chasse aux champignons !
Des champignons poussent toute l’année, mais une grosse majorité des comestibles sortent à foison en automne. C’est donc à cette période-ci que je fais la plupart de mes sorties. Globalement, chaque champignon a un type de biotope qui lui est propre. Pour les coulemelles ou les rosées des prés, ils poussent souvent en zone ouverte et herbeuse, dans les prairies.
Certains champignons comme les trompettes de la mort apprécieront les zones fraîches, ombragées, souvent cachées dans la mousse et les tapis de feuilles. D’autres seront plus généralistes comme le cèpe de Bordeaux que l’on pourra trouver sous les feuillus (chênes, châtaignier, hêtre), comme certains conifères (mélèzes, épicéas, sapins). Selon donc la forêt dans laquelle vous allez, l’exposition, l’altitude et la saison, vous trouverez différents types de champignons.
Avant de partir, je vous conseille de vous équiper d’un panier. Ce dernier évitera que les champignons ne s’écrasent ou ne s‘abîment entre eux pendant la récolte (ce qui arrive souvent lorsque l’on a qu’un sac plastique.) Un couteau sera également le bienvenu pour faire un premier brin de toilette aux champignons avant de les mettre dans le panier. Cela permet d’éviter qu’un champignon un peu sale ne salisse tous les autres. Le pantalon (pour les tiques et les ronces) est également recommandé pour la cueillette.
Couper ou arracher le champignon
C’est une question qui est souvent relevée lors de la cueillette. Pour le mycélium et le champignon, les deux façons de faire n’auront aucune incidence. Laisser son pied en terre ne lui permettra pas de repousser au même endroit. En revanche, certains champignons ont une volve, un renflement à la base du pied dans laquelle était protégé le champignon. Arracher le champignon bien à la base permet de voir le champignon dans son ensemble et pouvoir identifier la présence ou non de cette volve qui permet d’identifier certains toxiques comme l’amanite phalloïde.
Notez vos coins à champignons
Petite astuce, mais pas des moindres. À chaque sortie, lorsque vous trouvez des champignons, notez la position. Vous pouvez soit le faire directement sur votre téléphone portable avec des points GPS sur une carte ou à l’ancienne, sur votre bonne vieille carte IGN. En accumulant ces points, vos sorties seront plus faciles. Il y a de grandes chances de retrouver des champignons au même endroit lors des sorties à venir. Autre observation : certains champignons sortent tous les ans au même endroit. C’est notamment le cas des girolles qui poussent en tâche. Si la zone n’est pas dénaturée : arbres coupés, zone très tassée par des passages d’engins ou autre, la tâche devrait ressortir presque exactement au même endroit lors de la prochaine poussée.
Vous pourrez ainsi passer moins de temps lors de vos cueillettes et ces dernières deviendront au fil des années de plus en plus prolifiques et efficaces. Lors de votre recherche, vous identifierez également des biotopes plus ou moins propices aux champignons. En début de saison ou lorsque les pluies ne sont pas très abondantes, les champignons sortent davantage en bordure de chemin et dans les clairières. L’eau y rentre plus facilement qu’au cœur du bois et les champignons seront d’abord présents dans ces zones.
Sur Google Maps, il vous suffit de zoomer dans la carte puis de rester appuyer sur votre position pour trouver vos coordonnées GPS. Vous pourrez ensuite enregistrer ces dernières et faire des annotations : date, type de champignons… Cela vous aidera lors de vos cueillettes à venir.
Cherchez les amanites tue-mouche
Là où poussent des champignons, vous en trouverez d’autres ! L’amanite tue-mouche n’est pas ramassée et est bien visible avec son chapeau rouge ponctué de taches blanches. Cette dernière apprécie le même biotope que le cèpe par exemple et on les trouvera souvent non loin l’un de l’autre. Idem avec un petit champignon blanc : le meunier. Il a une odeur caractéristique de farine et est d’un blanc immaculé. Comme l’amanite tue-mouche, il pousse dans le même environnement que le cèpe. Ces champignons sont donc de très bons indicateurs lors de vos récoltes. Gardez en tête que si vous apercevez des champignons comestibles ou non, c’est que les conditions sont réunies pour leur pousse.
Différents champignons selon les saisons
La cueillette dépendra du moment de l’année et de la météo. Une grosse partie des pousses de champignons s’effectue à l’automne, après les premières grosses pluies de fin d’été. On considère que ⅔ des champignons sortent à l’automne. C’est à cette saison-ci que les cèpes, bolets, trompettes, girolles ou pieds de mouton donnent à plein. Cependant, dans les coins un peu humides, vous pourrez également récolter des girolles et des cèpes d’été dès le mois de juin (voir même avant avec des conditions optimales).
D’un autre côté, certains champignons sortent uniquement au printemps. C’est notamment le cas de la morille qui sera récoltée dès le mois de mars et s’étendra jusqu’au mois de juin. Il va donc falloir vous renseigner un peu sur les champignons qui poussent au moment où vous les avez trouvés. Les sorties de plein été sont souvent moins prolifiques que celles d’automne, mais selon la météo, vous pouvez tout de même avoir de belles surprises. Au-delà de la saison, un autre paramètre va être important : les conditions météo.
Le bon moment : attendre un choc thermique ou hydrique
C’est une notion que je ne maîtrise pas encore parfaitement, mais la plupart des champignons ont besoin d’un choc thermique ou hydrique pour sortir. Ce choc peut être entraîné par une grosse pluie, un pic de chaleur suivit d’un retour rapide au froid ou inversement. Ce choc thermique va apparaître comme un stress pour les champignons et va encourager la fructification et la pousse.
Pour les cèpes par exemple, on considère qu’ils sortent 9 à 20 jours après un choc thermique. Avec une température diurne de 15 à 17°C, on considère que les cèpes prennent 12 jours pour arriver. Une pluie cumulée de plus de 50 mm sur 2 jours par exemple constitue un formidable choc hydrique. Deux semaines plus tard, il y a donc de grandes chances qu’il y ait une petite poussée de cèpes. Cette histoire de choc thermique ou hydrique est surtout valable sur les cèpes, mais dans l’idée, on le retrouve sur la plupart des champignons comestibles.
Au-delà de ce choc, le champignon va donc lancer régulièrement des pousses au fil des conditions météo à deux conditions : que les températures et l’humidité lui conviennent et que le stock mycélien dans le sol ne soit pas épuisé. Vous le savez très certainement, mais le champignon que l’on récolte est uniquement la fructification, l’organe sexuel. Le champignon est présent toute l’année, sous le sol, sous forme de filaments blancs qui se nourrissent essentiellement de matière organique. Si le printemps puis l’été sont très secs ou très froids frais, le mycélium va peu se développer et ainsi limiter le nombre de fructifications à l’automne qui suit.
Surveiller la météo, les pluies comme les températures est une habitude que j’ai prise pour le jardin. Ces données me servent également bien pour avoir un ordre d’idée de quand vont sortir les champignons. Un pluviomètre et un thermomètre min-max vous permettent déjà d’avoir une idée des conditions météo.
Voici quelques conseils avant de partir à la chasse aux champignons tête baissée ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous les poser en commentaires et si le sujet des champignons vous plaît, n’hésitez pas à nous le dire aussi, on pourrait refaire de petits articles sur ce sujet, il y a plein de belles choses à creuser.
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