La tomate, quand elle est tuteurée, fait peu d’ombre au sol autour d’elle. Afin de gérer l’enherbement pendant cette culture assez longue, elle est généralement paillée. En plus de son rôle de désherbage, le paillage protège également le sol et limite l’évaporation. Si vous utilisez des paillages organiques, ils nourriront lentement votre culture en se décomposant.
Sommaire
Le paillage, protecteur des rayons du soleil
L’été, dès que les températures sont chaudes, le sol sèche en surface. Les légumes doivent donc compter sur leur système racinaire qui descend en profondeur pour capter de l’humidité. Le paillage apparaît donc comme une barrière physique pour protéger le sol des rayons directs du soleil. En paillant vos pieds de tomates, vous réduisez ainsi grandement les besoins en eau de cette culture. Parallèlement, le paillage évite en partie la formation d’une croûte de battance. Il s’agit d’une couche qui se forme à la surface sur sol nu sous l’action de la pluie qui vient tasser et étanchéifier les premiers centimètres du sol. Lors d’une pluie ou d’un arrosage, l’eau va glisser en surface et avoir du mal à pénétrer dans le sol. Vous avez sûrement déjà entendu le dicton “un binage vaut deux arrosages”. Dans les faits, en binant, on vient casser cette croûte de battance et ainsi, on permet à l’eau de s’infiltrer de nouveau. Cependant, sur la tomate, un binage peut aussi venir endommager le système racinaire, d’où le fait que la solution du paillage est intéressante !
Le paillage comme occultation
Comme nous l’avons vu en introduction, le paillage permet avant tout de gérer l’enherbement sur la culture. Pour qu’il joue son rôle de façon optimale, et que le jardinier soit soulagé du désherbage de cette culture, il faut qu’il soit totalement occultant. Si vous faites le choix de pailler avec de la matière organique, il va donc falloir en mettre une certaine épaisseur.
Encore une fois, cela dépend grandement de la matière choisie. Avec du foin ou de la paille, il faut compter une bonne vingtaine de centimètres pour être tranquille toute la saison. Avec du broyat de bois, on pourra se contenter d’une épaisseur de dix centimètres environ. Même à travers une bonne épaisseur de paillage organique, certaines adventices particulièrement puissantes réussiront à ressortir (rumex, chiendent, chardons, liserons…).
Côté maraîchage, la plupart des producteurs ont recours à des paillages plastiques qui, une fois installés, couperont la lumière à une écrasante majorité des adventices.
Paillage et biodiversité
En paillant vos planches de culture, même avec des bâches, vous offrez un refuge pour bon nombre d’espèces. Les gastéropodes notamment sont bien à l’abri sous le paillage et ressortent la nuit pour boulotter vos jeunes plantules. Au printemps, lorsque la météo leur est particulièrement favorable, dans un contexte de pression élevé des escargots, on pourra attendre un peu pour pailler. On le fera fin mai ou en juin lorsque les chaleurs seront plus élevées et moins favorables aux gastéropodes. D’autant plus que l’on va attendre que le sol se réchauffe vraiment.
Idem si vous avez des problèmes de rongeurs, sous le paillage ils sont actifs et à l’abri des prédateurs. Nous n’avons pas trop ce souci ici, mais dans ce cas de figure, il faut mettre des mesures en place pour limiter la prolifération de ces derniers. Cela dit en principe les rongeurs ne s’attaquent pas trop aux plants de tomates, ils préfèrent les légumes racines.
Culture sur paillage plastique
Très utilisée en maraîchage, de nombreux jardiniers adoptent cette technique au potager. Elle permet d’avoir une occultation totale du sol, donc jouer son rôle de protection des rayons du soleil et de gestion de l’enherbement. Il existe deux types principaux de paillages plastiques : celles en plastique étanche (type bâche d’ensilage) et d’autres en plastique qui laisse passer l’air (type bâche tissée). Chacune a des avantages et des inconvénients. Les bâches d’ensilages ont un principal avantage : on peut en récupérer gratuitement chez les éleveurs. On valorise alors un déchet.
Ils se servent en effet de ces bâches pour faire fermenter du fourrage qui servira à l’alimentation des bêtes. Une fois percées ou endommagées, elles ne servent plus. En demandant gentiment aux agriculteurs autour de chez vous, il est assez facile d’en récupérer. En plus de ça, étant étanche, un cycle de l’eau se crée sous la bâche. L’eau contenue dans le sol s’évapore, puis se fixe sous forme de gouttelettes sous la bâche pour retomber sur le sol ensuite. Ce cycle se reproduit avec peu de perte et limite donc les arrosages. Concernant ces bâches, une fois abîmées, vous pourrez les envoyer au recyclage.
Les bâches maraîchères ou bâches tissées laissent quant à elle passer l’air. On ne retrouve donc ici pas le cycle de l’eau présent avec les bâches étanches. Leur avantage : elles sont faites pour durer. Beaucoup de maraîchers utilisent ces bâches plus de 10 ans avant de les changer. Cela fait rentrer du plastique dans l’équation, mais permet un gain de temps et d’énergie humaine considérable.
À vous de voir selon vos envies et votre philosophie de jardinage.
Mettre une bâche c’est tuer son sol ?
Dans une éthique permaculturelle, proche du vivant, mettre du plastique sur le sol est souvent vu d’un mauvais œil. Pourtant, en soulevant ces bâches, on se rend compte que là-dessous, la vie foisonne. Pour encourager et soutenir la vie microbienne de votre sol, n’hésitez pas à mettre de la matière organique sous la bâche avant l’installation. Vous observerez en la retirant qu’il ne reste souvent plus rien et que le sol est meuble et aéré ! Le rôle occultant de la bâche permettra également de nettoyer une parcelle qui sera prête à planter une fois cette dernière retirée.Gardez également en tête que chaque production que vous faites à la maison, c’est une consommation que vous évitez au marché ou supermarché. Ces achats ont aussi un bilan carbone et une consommation de plastique. À chacun donc de voir selon ses finalités 😉
Culture sous paillage organique : amendement et occultation
Si vous faites le choix de recourir à du paillage organique, ce dernier va également venir nourrir la culture tout doucement en se décomposant. Sous l’action de la vie biologique du sol, le paillage va se faire digérer par les vers de terre, insectes et tous autres micro-organismes, bactéries et champignons. La tomate étant une culture gourmande, ces amendements peuvent venir soutenir un petit peu la fertilité de votre sol.
La tomate restant en place plusieurs mois, il va souvent falloir rajouter du paillage pour maintenir son rôle d’occultation.
Visez la diversité dans vos amendements et paillages. Le foin a un rapport C/N assez équilibré et pourra être utilisé seul. Vous pouvez également utiliser du broyat de bois. Il est assez durable et pourra être additionné d’autres apports. Son rapport C/N étant très élevé, on va chercher des matières azotées pour le compléter : déchets de cuisine, tonte. Si vous avez de la matière organique disponible en grande quantité, c’est un peu la solution idéale pour gérer l’enherbement de la culture de tomate. En revanche, si ce n’est pas votre cas, la bâche pourra être une alliée utile.
Attention à la faim d’azote : si vous mettez du broyat ou de la paille après avoir planté vos tomates, essayez de mettre une petite couche de tonte en premier sur le sol pour limiter voire éviter une possible faim d’azote.
Cultiver la tomate sur couvert permanent
Voici une nouvelle approche peu traditionnelle du maraîchage : celle de la culture sur couvert végétal, je m’explique. Il suffit de venir implanter un couvert végétal, pas trop concurrentiel pour la culture que vous souhaitez implanter et d’installer vos cultures sur ce “paillage” vivant. Le trèfle est par exemple très utilisé dans les expérimentations des serres de Marcel. Ils ont pour le moment des résultats très intéressants dans leurs serres à tomates. D’autres expériences sont menées, notamment avec de la menthe. Le trèfle va, tout au cours de sa croissance, fixer de l’azote atmosphérique dans le sol qui sera rendu disponible pour les cultures.
Le couvert permanent est une technique encore à l’essai mais qui semble être prometteuse. Si cela vous intéresse, vous pouvez essayer sur une planche ou deux au potager, cette méthode semble porter ses fruits.
Tomates et binages : des avantages et des inconvénients
Pour gérer l’enherbement sur une culture, si l’on n’a pas recours au paillage, le jardinier doit intervenir. Du printemps à l’automne, la végétation pousse vite et si vous laissez un sol à nu, il ne lui faudra pas longtemps pour être colonisé par bon nombre d’adventices.
Ces dernières concurrençant la culture en place, il va falloir désherber. Attention lors de cette action à travailler le sol très superficiellement. En effet, une partie du réseau racinaire de la tomate est en surface et vous risquez de l’abîmer à chaque désherbage. Néanmoins, cette méthode de culture, bien que s’éloignant un peu des principes de permaculture, reste efficace. Une majorité des jardiniers cultivent leurs tomates sur sol nu et ont de bons résultats. Avis aux jardiniers qui n’ont pas la chance d’avoir du paillage en quantité !
Vous pouvez aussi vous contenter de laisser les adventices pousser, et les hacher au fur et à mesure de leur croissance pour limiter leur croissance.
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