C’est l’automne et les arbres se parent de leurs plus belles couleurs. Progressivement, les feuilles se détachent des arbres et viennent recouvrir la pelouse. Pour les jardiniers, c’est le moment de se lancer et de faire son terreau de feuilles mortes.
Sommaire
Un phénomène naturel en sous-bois
Dans la forêt, toutes les feuilles mortes sont recyclées en litière fraîche et aérée. Ces feuilles mortes, étalées en fines couches, se décomposent pour offrir un humus forestier bénéfique à la croissance des plantes. Dans un silo, contrairement au sol de la forêt, les feuilles ne sont pas aussi aérées et prendront parfois un peu plus de temps à se décomposer.
Lorsque vous ramassez vos feuilles mortes, vous pouvez donc utiliser votre tondeuse. Une fois les feuilles regroupées en tas, la tondeuse permettra de les broyer un peu. Cela accélère le processus de décomposition. Le terreau obtenu suite à ce compostage sera très utile pour vos plantes potagères. Vous pourrez l’utiliser en partie pour vos semis.
Utilisez ce terreau pour vos semis en alvéoles ou petits godets de préférence. Pourquoi ? Tout simplement, car le terreau obtenu est pauvre. Il suffira pour les premières semaines de croissance, mais il faudra l’enrichir si vous souhaitez faire vos tomates avec par exemple, ou tout autre plant « gourmand » et avec un temps d’élevage en godet élevé. On en reparle plus bas.
Faire son terreau de feuilles mortes en 8 étapes :
- Ramassez vos feuilles en tas dans le jardin.
- À l’aide d’une tondeuse, venir broyer les feuilles. Cela permettra d’enrichir un peu le terreau avec de la tonte, riche en azote
- Dans un silo ou en tas, venir regrouper toutes vos feuilles broyées.
- Vous pouvez ajouter un peu de matière organique fraîche azotée pour accélérer le processus de décomposition (orties, tonte, consoude)
- Maintenir le tas humide, vous pouvez le laisser ouvert une bonne partie de l’hiver
- Venir retourner une ou deux fois le tas pour l’oxygéner
- Au bout de 9, 10 mois, vous pouvez commencer à vous en servir en le tamisant.
- Au bout d’un an à un an et demi, vous obtiendrez un terreau léger, aéré qui viendra structurer votre sol au potager
Ensemencez votre tas !
Pour accélérer la décomposition de vos feuilles mortes, vous pouvez y ajouter un peu de compost déjà en cours de décomposition. Il est aussi possible d’ajouter à votre tas quelques poignées d’humus forestier. Vous pouvez enfin y mettre du purin d’ortie ou de consoude pour “activer” les micro-organismes qui viendront décomposer les feuilles.
Un substrat idéal ?
Le terreau de feuilles mortes offre un substrat très intéressant pour le jardinier. En tamisant le terreau, vous pouvez récupérer un substrat très fin. Ce dernier sera idéal pour vos semis. Même s’il est peu nutritif, chaque graine, même minuscule, a suffisamment d’énergie en elle pour produire ses premières feuilles. La photosynthèse et quelques arrosages avec des purins d’ortie ou de l’urine diluée feront le reste du travail avant que la plante rejoigne la pleine terre. Vous pouvez aussi vous servir de ce terreau de feuilles comme substrat au potager.
Si vous en avez en grande quantité, vous pouvez en incorporer aux pieds de vos plantations. Il permet au sol de se structurer et lui offre une texture aérée. Si vous possédez des plantes en pot, vous pouvez aussi vous en servir lors des rempotages.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les différentes façons de faire un terreau de feuilles, Olivier Puech a réalisé une vidéo très intéressante sur le sujet :
Les feuilles un peu plus coriaces
Certaines feuilles se prêtent mieux à la confection d’un terreau que d’autres. Lorsque l’on regarde différentes feuilles, certaines sont plus rigides, épaisses ou même cirées. Plus les feuilles sont tendres, plus elles se décomposent rapidement. Les feuilles de noisetier ou de bouleau se dégradent assez rapidement. D’autres comme le platane ou le marronnier d’Inde prennent plus de temps. Ces deux feuilles sont composées de plus de lignine donc plus de carbone. Le carbone demande plus de travail aux micro-organismes pour se décomposer. Certaines feuilles comme le laurier-cerise sont d’apparence épaisse et vernie. Elles prennent également plus de temps à se composter.
Les feuilles de noyer sont aussi souvent déconseillées au potager. Elles contiennent de la juglone, une molécule qui empêche la germination des autres graines. Rassurez-vous, cette teneur est très faible sur les variétés de noyers qui sont cultivées en Europe. Cette affirmation est surtout vraie pour les noyers noirs, un arbre de la même famille qui pousse de l’autre côté de l’Atlantique. On l’utilise parfois en porte-greffe pour nos noyers communs.
D’autres feuilles sont aussi composées de tanins qui ralentissent un peu leur dégradation. On peut citer le chêne notamment, mais c’est seulement une histoire de temps, ses feuilles se décomposent bien évidemment comme toute matière organique.
Le rapport carbone/azote des feuilles mortes
Le temps de décomposition d’une matière organique est intimement lié à sa teneur en carbone. Le rapport carbone/azote (C/N) correspond à la teneur en azote et en carbone que compose un végétal. Pour les feuilles mortes, on considère que le rapport C/N oscille entre 40 et 60. Cela signifie que dans une feuille morte, on a entre 40 et 60 molécules de carbone pour une molécule d’azote. À titre d’exemple, l’urine a un rapport C/N de 0,7. Cela signifie qu’il y a plus d’azote que de carbone dans cette matière organique.
Pour accélérer le processus de décomposition de vos feuilles mortes, vous pouvez donc les mélanger avec un peu de matière plus azotée. À l’automne, les orties font une nouvelle pousse. Profitez-en pour les incorporer à votre tas de feuilles. Vous pouvez aussi y ajouter vos dernières tontes automnales ou des restes de culture broyés. Mais attention aux graines qui pourraient s’inviter dans le terreau 😉 Elles pourraient germer dans vos futurs godets, et ce n’est pas très pratique.
Terreau de feuilles mortes ou compost ?
Le compost est un amendement. Il est produit par la décomposition de matières vertes (comme les déchets de cuisine) et de matières brunes (feuilles mortes, paille, broyat…) Il intervient comme un « engrais » maison que l’on peut apporter aux plantes les plus gourmandes pour leur donner un petit coup de boost. Le terreau à l’opposé est un support de culture, un substrat. C’est-à-dire qu’il sert à remplacer la terre par exemple pour vos semis ou plantes d’intérieur. Il contient peu de nutriments pour les végétaux.
Dans le commerce, les terreaux sont généralement constitués de mélanges contenant de la tourbe, du sable et des écorces décomposées. La tourbe est un matériau non renouvelable à l’échelle humaine…
Compost et terreau n’ont donc pas la même utilisation mais n’hésitez pas à utiliser votre terreau de feuilles mortes au potager pour améliorer la structure de votre sol.
Le combo gagnant : terreau + compost + terre de jardin, terre végétale ou sable
Tout est dans le titre ! Si vous souhaitez créer votre propre substrat de culture pour des bacs potagers ou des plantes en pot, n’hésitez pas à valoriser vos feuilles mortes. Mélangées à du compost ménager et un peu de terre, il offrira un substrat riche, léger et aéré. Mélangez 2/3 de terreau avec 1/6 de terre végétale, de sable (ou à défaut de terre de jardin) et 1/6 de compost. L’ajoute de terre végétale permettra de le rendre moins séchant.
Conclusion sur le fait de faire son terreau de feuilles mortes :
• gardez en tête que ce terreau est pauvre en minéraux. Si vous souhaitez l’utiliser pour élever une tomate, une aubergine ou un poivron jusqu’à la plantation, il faudra enrichir le terreau.
• voyez donc ce terreau comme un substrat, que vous pourrez utiliser pour vos plantes en godets, ou pour améliorer la structure de votre sol. Pour ce dernier usage, il n’est pas nécessaire de tamiser le terreau, vous pouvez simplement l’intégrer au sol ou le déposer en surface. Vous pourrez aussi vous en servir (tamisé cette fois-ci) pour boucher des sillons si vous semez des carottes par exemple. Sur certains sols, elles ont du mal à sortir, car le sol n’est pas fin et il y a beaucoup de petits cailloux ou de débris végétaux. En faisant ainsi, vos petites graines sortiront mieux de terre, car vous les aidez avec un substrat fin et facile à traverser.
Bon compostage, et bon jardinage !
Bonjour,
Nous avons plusieurs marronniers d’Inde dans la copropriété, est ce que les marrons peuvent être utiles en paillage? Autre?
Merci!
Ps: top vos articles! Belle découverte 🤗
Oui bien sûr, mais ce sera long à se décomposer.
Bonjour, la question qui précède parle des marrons mais qu’en est-il des feuilles de marronnier en elles-mêmes, peut-on les utiliser pour le paillage du potager? Encore merci et bonne journée . Georges
Oui mais elle sont peu riches et longues à se décomposer, cela dit pas de souci.