Bien connu du jardinier, le puceron est un petit insecte prolifique qui se nourrit en pompant de la sève aux végétaux et des arbres. Ce petit parasite n’est pas si terrible. Il existe des solutions de lutte naturelle pour limiter la présence dans votre potager en permaculture. En lisant cet article, vous allez apprendre de nombreuses choses sur cet insecte finalement assez étonnant. Et vous saurez comment l’appréhender et gérer sa présence sur vos cultures. Bonne lecture !
Sommaire
Le puceron : un ravageur pas si terrible ?
Le puceron vit en colonie sur une plante hôte. Toujours accompagné, l’insecte pique et aspire la sève des végétaux et des arbres pour se nourrir. Il existe 5000 espèces de pucerons et 400 d’entre elles s’attaquent aux plantes que nous cultivons et consommons. Ils sont spécialisés et consomment une plante en particulier. Le puceron tue rarement la plante, mais il peut fortement les affaiblir.
• Sur les légumes annuels, au potager, les pucerons peuvent faire chuter les récoltes. Et même parfois compromises, car la plante prend du retard. Elle met du temps à se remettre de l’attaque même une fois nettoyée des pucerons par les auxiliaires. Ainsi on pourra parfois intervenir, nous le verrons plus bas. Sur certaines cultures comme les fèves, les pucerons les colonisent chaque saison, pourtant nous en mangeons quand même. Cela dépend en effet des plantes, mais aussi du stade de développement de celle-ci au moment où les pucerons arrivent, on y revient !
• Sur la partie jardin ornementale, le meilleur exemple est le rosier. La fleur s’ouvrira même envahie de ces petites sangsues. Alors si vous souhaitez un jardin naturel, rempli d’insectes et d’auxiliaires de culture, ne traitez plus et n’intervenez plus sur vos plantes ornementales. Les pucerons (et autres ravageurs) serviront de nourriture à d’autres insectes auxiliaires.
Les pucerons véhiculent également les maladies et des champignons entre les plantes. Pas de panique, ces risques ne concernent pas ou très peu les jardiniers, ils impactent seulement les grandes monocultures.
Limiter les pucerons dans son jardin en permaculture
Dans un jardin en permaculture, les pucerons ont de nombreux prédateurs. Coccinelles, larves de syrphes, guêpes ont le puceron affiché au menu. Mais ils sortent tôt dans la saison, avant l’arrivée de leurs prédateurs… Ce qui laisse le jardinier face à un dilemme.
Le dilemme : intervenir ou laisser les pucerons tranquilles ?
Voilà le constat pour gérer les pucerons dans votre potager en permaculture : les auxiliaires comme la coccinelle arrivent généralement après le développement des pucerons, plus tard dans la saison. Les pucerons ont alors eu le temps de faire du mal et retarder la croissance des plantes potagères avant que les auxiliaires ne les croquent. Néanmoins, si vous détruisez tous les pucerons, les auxiliaires n’auront pas suffisamment à manger et se verront obligés de partir ailleurs, ou plus simplement de ne pas se développer en nombre.
En tant que jardinier, on devra alors juger de l’intensité de l’attaque pour savoir s’il faut intervenir ou non.
En sachant que l’intervention amène souvent vers un cercle vicieux (même s’il est parfois nécessaire !). Pour résumer, plus vous intervenez, moins vous aurez de prédateurs de pucerons, plus vous devrez intervenir…
La coccinelle est une véritable alliée au potager ! Formidables chasseuses du stade larvaire à l’adulte, elles dévorent des centaines de pucerons au cours de leur vie. Si vous vous intéressez aux modes de vie, de chasse et de reproduction de cet insecte merveilleux, n’hésitez pas à aller lire notre article sur les coccinelles, un auxiliaire merveilleux.
Comment lutter directement contre les pucerons ?
Au printemps les pucerons attaquent nos plantes, par exemple les artichauts. Pour limiter leurs dégâts, vous pouvez tout simplement les enlever à la main ou avec de l’eau. En rinçant les feuilles à grandes eaux ou en utilisant un pulvérisateur de jardin, les insectes se décollent et tombent au sol. Ils n’ont généralement pas d’ailes et ne peuvent atteindre leur colonie. Ils meurent en partie.
Les pucerons vivent sous les feuilles, bien à l’abri des grosses pluies qui leur sont fatales.
La lutte directe
Si l’invasion commence à nuire au développement de la plante, ses feuilles tombent ou se recroquevillent vous pouvez vaporiser une solution au savon noir diluée à 10%. Une macération d’ail (diluée à 15%), de pyrèthre (dilué à 20%) ou de sureau (dilué à 20%) a le même effet insecticide/insectifuge. Ces traitements sont naturels et admis en agriculture biologique, mais puissants et non sélectifs. Tous les insectes vivant sur la plante le subiront y compris les auxiliaires. Alors que les coccinelles et compagnies se font pourtant souvent un régal de ses petits encas sans défense, mais elles arrivent parfois trop tard.
Ce sera donc à vous d’arbitrer entre traitement (et possiblement lancer un cercle vicieux) et non traitement (et parfois, perte de votre récolte…). C’est à chaque jardinier de faire ce que bon lui semble dans son potager 😉
Les plantes martyres : utile dans un jardin en permaculture
Par ailleurs, vous pouvez aussi planter certaines plantes « martyres » à proximité de vos cultures pour y attirer les pucerons. L’absinthe, la fève ou encore la capucine sont des plantes dont les pucerons sont très friands. En les installant à proximité des cultures sensibles, elles feront office d’appât et protègeront vos légumes sensibles. Les auxiliaires, ayant accès à ces pucerons pourront se nourrir, se multiplier, et être plus nombreux au potager pour protéger vos cultures année après année.
Et pas de panique : les pucerons sur la plupart des plantes sauvages ne sont pas attirés par les espèces potagères. En réalité, et exception faite de quelques espèces généralistes, les pucerons sont souvent inféodés à une seule plante ou famille de plante. Ainsi, le puceron noir du sureau n’ira jamais sucer une fève ou une courgette par exemple ! Alors en cultivant du sureau vous permettrez de maintenir vos populations d’auxiliaires, sans pour autant risquer de contaminer vos plantes potagères.
Le potager permacole vous propose une revue sur la permaculture, le jardinage naturel et la biodiversité. N’hésitez pas à venir la découvrir ici : https://lepotagerpermacole.fr/la-revue-numerique/
Fourmi, puceron et compagnie
Les pucerons sont des proies faciles. Pour survivre, ils collaborent avec les fourmis.
Les pucerons produisent du miellat. Il s’agit d’une substance sucrée qu’ils rejettent après avoir aspiré la sève de la plante. Des champignons parasites se développent très vite sur ce liquide et peuvent décimer la colonie.
De leur côté, les fourmis apprécient cette source de nourriture riche en glucides. Elles sont des guerrières très organisées et défendent les colonies en échange du miellat. Une relation gagnant-gagnant ! La fourmi vient tapoter le dos du puceron avec ses antennes pour le «traire». Si les fourmis sont bien installées avec la colonie, les auxiliaires auront du mal à effectuer le travail.
Encore une fois rien de dramatique, une colonie de pucerons à une durée de vie d’un mois à six semaines. Une fois ce délai expiré, une partie de ses habitantes s’envoleront vers une autre plante pour continuer à se reproduire.
Les fourmis défendent les pucerons contre les assaillants, dont les coccinelles font partie. Une petite coccinelle a trouvé une parade : la ‘coccinelle magnifique’ émet les mêmes phéromones que les fourmis et passe inaperçue à leurs yeux, pendant qu’elle croque les pucerons. Les fourmis n’y voient que du feu !
Le puceron : un cycle de vie particulier
L’hiver, les pucerons sont à l’abri dans leur coquille. La plupart du temps, ils se réfugient dans des arbres. Au printemps, des femelles sans ailes éclosent. Ensuite, quelques jours plus tard et sans fécondation, elles donnent naissance à de nouvelles femelles. Chaque puceron naît avec dans son ventre sa descendance. Les premières générations de l’année se reproduisent par parthénogénèse, en créant des clones d’elles même. Périodiquement, des individus ailés naissent ce qui leur permet de coloniser de nouveaux végétaux. De l’automne au printemps, chaque femelle pond une centaine d’œufs qui sont à leur tour fécondés dans les jours qui viennent.
La reproduction est exponentielle jusqu’à l’automne. Les pucerons sont un maillon important de la chaîne alimentaire et nourrissent de nombreux autres insectes et oiseaux. L’écrasante majorité de ces pucerons seront dévorés au cours de la saison. Les femelles produisent des mâles ailés qui permettent une reproduction sexuée. Cette dernière pond des œufs bien à l’abri qui passeront l’hiver sur la plante hôte. Ils résistent jusqu’à -20°C et ressortiront au printemps suivant lorsque les températures et la lumière commencent à augmenter.
Pour en savoir plus sur l’hivernation de la biodiversité : https://lepotagerpermacole.fr/preparez-lhiver-pour-la-biodiversite/
En espérant que vous aurez appris des choses sur la gestion des pucerons en permaculture, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 😉
Merci beaucoup pour cet article sur les pucerons. Une bonne partie des fèves que j’avais semées l’automne dernier ont été envahies par ces petites bestioles. J’ai aspergé avec un mélange de savon noir et d’huile de neem, mais vu que l’huile de nem est également nocive pour les autres insectes, je n’ai donc pas recommencé le traitement. J’ai quand même eu une bonne récolte de fèves, mais c’est vrai que les plants qui n’avaient pas eu de traitement ont peu donné. Maintenant je viens de constater pleins de pucerons sous un bon nombre de feuilles des petits pois mange-tout. Je n’ai pourtant fait aucun apport d’engrais avant de les planter. J’ai vu quelques coccinelles et aussi pas mal de fourmis, mais je n’ai pas l’impression que les coccinelles mangent beaucoup de pucerons. J’ai une question: si on secoue les feuilles où se trouvent les pucerons, et que ceux-ci tombent à terre, est-ce que cela peut être suffisant pour épargner les plantes, ou est-ce que les pucerons vont revenir à l’attaque?
Merci encore pour votre site et toutes ces connaissances que vous partagez.
Merci 😉
Oui vous pouvez secouer et mettre un jet d’eau, cela va ralentir l’attaque. On dit souvent « puceron tombé, puceron crevé » :-p En clair, ils n’arrivent pas tous à remonter et vous gagnez du temps. N’hésitez pas à installer de la tanaisie au jardin, les coccinelles adorent.
Bonjour merci beaucoup pour le chouette article ! Mes plants de fèves ont étés ravagés, semblent malades, aucune récolte et les pucerons sont maintenant partis sur du rumex proche. J’attends désespérément les prédateurs…
– Que faire de mes plants de fèves malades : couper et laisser sur place ? Mettre au compost ? Mettre ailleurs au jardin ?
– je vois maintenant les pucerons s’installer sur une bourrache dans ma petite serre. La bourrache s’affaiblit et a des traces d’oidium, du coup je vais l’enlever! Mais sans oidium, à votre avis doit on laisser les pucerons sur une plante ornementale dans une serre ? Je m’interroge…
Bonjour Elodie 🙂
1 : Coupez et laissez sur place, c’est de la fertilité à ne pas perdre 😉
2 : moi personnellement je laisse. Souvent ce ne sera pas les mêmes pucerons alors on attire les auxiliaires sans risque pour nos cultures.
A très vite 😉
Bonjour,
Suite à une attaque de pucerons sur un hibiscus et des rosiers, j’ai commandé des prédateurs en l’occurrence des œufs de chrysopes (larves de syrphes) à un laboratoire situé à Ponts-de-Cé près d’Angers. Reçus le vendredi, le mercredi presque tous les pucerons avaient disparu. 3 semaines après, il n’y a plus rien. j’espère que les chrysopes vont se développer et rester dans mon jardin.
Je n’ai utiliser aucun insecticide et j’en suis fière.
Cordialament
Bravo Chantal, super expérience pour réguler pucerons naturellement 😉 On vous donne rendez-vous le 1er juillet dans la revue pour parler auxiliaires avec un dossier sur la coccinelle 🙂
A très vite
Guillaume
Bonjour Chantal,
Peux tu donner l’adresse ?
Mercii
Sylvie de Dunkerque
Super Chantal !
Petit clin d’oeil. Les chrysopes ne sont pas les larves de syrphes.
Les chrysopes et les syrphes ont chacun(e) leurs larves. Le labo a mal étiqueté.
Bel article Guillaume, un plaisir de te lire, toujours très pédagogique, j’adore.
Il est parfait cet article et répond bien aux préoccupation des jardiniers permacoles qui essaient de préserver la biodiversité.
Bonjour, j’ai un mirabellier qui a été couvert de pucerons au début du printemps, énormément de feuilles recroquevillées et pas de fruits cette année… on l’a traité avec du savon noir mais ça n’a pas été suffisant. Par contre depuis un mois nous avons énormément de larves de coccinelles. J’espère qu’elles permettront de réduire une invasion de pucerons l’année prochaine.
Parmi les plantes attirant les pucerons il y a aussi la bourrache, plante vivace superbe, aux fleurs comestibles qui se ressème toute seule. Elle est incontournable dans mon potager. Attention elle peut occuper de la place.
Merci Carl ! 🙂
merci, j’ai trouvé ici méthode pour mes haricot qui manger par les puceron
Bonjour, merci pour votre article. Pour ma part j’ai une attaque de pucerons… sur mes carottes, juste au niveau du collet. Et on voit bien les fourmis tout autour, quo les protègent.
Que faire ? Arracher toutes les carottes ?
Merci d’avance !
Vous pouvez arroser pour les gêner, mais pour cette saison il n’y a rien à faire 🙂 On perd en peu en production je vous l’avoue. Je n’en ai pas tous les ans.
J’ai une trentaine de rosiers dans mon jardin. Tous les ans, les pucerons faisaient des ravages malgré tous les remèdes de grand maman.
J’ai planté il y a 3 ans, 2 pieds d’absinthe qui attirent les pucerons début avril ( pas trop proches des pieds de lavande qui eux les éloignent et beaucoup de menthe partout qui sent trop bon l’été ).
Un peu de marc de café au pieds de l’absinthe pour éviter les fourmis.
Dès les premiers pucerons arrivant sur l’absinthe, chaque année j’investit 20€ dans une boîte de 50 larves de coccinelles. En 15 jours les pucerons sont quasi éradiqués. Moins cher que les supposés produits anti pucerons. Et j’ai de jolies petites amies tout l’été.
Seule déception, malgré 2 hôtels à insectes, les coccinelles partent dès la récolte terminée…
Merci beaucoup pour ce retour d’expérience ! Superbe que l’absinthe fonctionne chez vous. Les coccinelles n’ont peut être pas assez de nourriture en fin de saison?
Merci pour cet article. J’ai appris de nouvelles choses
Merci pour ce retour, bon jardinage !