Porte chance, catherinette, bête du paradis ou bête à bon Dieu, la coccinelle est un insecte qui est apprécié par les humains depuis très longtemps. Elle possède au total plus de 700 noms dans une cinquantaine de langues, soit beaucoup plus que les autres insectes qui pullulent sous nos contrées.
Sommaire
Une alliée redoutable
La coccinelle est connue pour manger les pucerons sans abîmer les plantes. Ces petits insectes se nourrissent en suçant la sève dès le début du printemps. Elles peuvent limiter leurs dégâts dans les cultures et sont donc utilisées comme auxiliaires de protection en agriculture biologique, notamment pour lutter contre les cochenilles ou les pucerons.
On estime qu’une seule larve de coccinelle peut manger une cinquantaine de pucerons par jour. Ces coléoptères apparaissent donc comme une alternative durable aux produits phytosanitaires. En France, on recense cent-trente espèces de coccinelles. Parmi elles, la plus emblématique est la coccinelle à sept points.
Elles ne consomment pas toutes des pucerons, et pour celles qui le font, elles sont généralement spécialisées sur une espèce particulière. Par exemple, la sève du laurier rose est toxique, ce qui rend ses pucerons hôtes indigestes.
Pourtant, une espèce, la ‘Coccinelle migratrice’ consomme les pucerons qui vivent sur ces arbustes.
L’élevage d’auxiliaires
“Chaque coccinelle a des préférences alimentaires, il est donc possible de viser une espèce de pucerons en particulier.” Vincent Bouguet est le fondateur de la société Insectösphère. C’est une jeune entreprise lancée en 2017 à Saint-Jean-le-Vieux dans l’Ain. “On tente de maintenir la biodiversité endémique tout en se servant des insectes comme béquilles pour remplacer les insecticides chimiques et naturels” explique Vincent. Les coccinelles sont très sélectives et peuvent être utilisées de façon ciblée sans tuer tous les insectes d’une plante comme pourrait le faire un insecticide même naturel, ou bien comme le savon noir.
Chaque année, la petite entreprise produit un million et demi d’auxiliaires, destinés à être vendus aux particuliers. Insectösphère produit majoritairement quatre espèces de coccinelles. Les coccinelles à deux points sont spécialisées les pucerons vivant dans les arbres . La plus commune, la coccinelle à sept points qui est efficace pour la plupart des plantes potagères. Celle à onze points consomme les pucerons jaunes du laurier rose qui sont toxiques pour les autres espèces d’insectes auxiliaires généralistes. Enfin, la coccinelle à virgule est utilisée contre les cochenilles pulvinaires des hortensias, des mûriers ou d’autres arbres d’ornement. Elles sont également capables de chasser les pucerons lanigères des vergers.
“Les coccinelles sont nourries avec des pucerons vivants que l’on élève. Nous développons des sujets adultes dans des boîtes afin de lâcher des insectes fertiles pour qu’ils pondent rapidement et que leur action soit efficace” confie le passionné d’insectes. Contrairement aux insecticides, il n’existe pas de phénomène de résistance car les coccinelles sont le prédateur naturel du puceron.
“On travaille avec du vivant donc il faut toujours prendre des précautions. Le lâché d’auxiliaire est aussi sensible aux conditions climatiques, il faut donc faire attention au moment du lâché. Quarante millimètres de pluie, de fortes températures ou de la grêle seront fatals aux jeunes coléoptères. Cela s’applique aussi malheureusement aux coccinelles sauvages.”
Vincent conseille donc ses clients pour optimiser l’action des auxiliaires. Autre avantage de la coccinelle, elle laisse de beaux plants bien propres. Méticuleuses, les coccinelles et leurs larves viennent dévorer chaque puceron et ne laissent aucune trace derrière elles. Bien pratique quand il s’agit de laver les légumes que l’on va consommer !
Aller plus loin avec notre article : « Pucerons et permaculture : comment lutter et vivre avec«
Un réveil difficile en sortie d’hiver
Lorsque les rayons du soleil viennent réchauffer le sol, et que les températures dépassent les 10°C, les coccinelles sortent doucement de leur hibernation. On est courant février et la coccinelle à sept points n’a pas mangé depuis cinq ou six mois. Elle a résisté aux froids de l’hiver grâce aux réserves de graisse qu’elle a accumulées jusqu’à l’automne. Elle suit alors son instinct, et rassemble ses forces. La bête à bon Dieu monte en hauteur afin de se réchauffer au soleil.
En cette fin d’hiver, les pucerons ne sont pas encore arrivés. Ils constituent la plus grande partie de son alimentation, mais elle devra se contenter de ce qu’elle trouve, chenilles, œufs d’araignées, insectes en tout genre, même morts.
Au bout de quelques semaines, les pucerons apparaissent. Ils se développent très vite. En dix jours, chaque puceron femelle donne naissance à cent nouveaux piqueurs-suceurs. À cette vitesse-là, ces insectes gourmands affaiblissent rapidement les plantes. Et notamment nos plantes potagères !
Fine limière, la catherinette repère ses proies à l’odeur. Elle attrape le puceron à l’aide de ses mandibules et lui injecte sa salive mortelle qui dissout l’insecte. Elle le dévore ensuite en moins de dix minutes avant de passer à sa prochaine victime. Une véritable scène de guerre que vous avez peut-être déjà observée au potager.
Des gardiennes protègent cependant les pucerons : les fourmis.
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