Texte et photos : Olivier Puech
Juillet, août, l’été s’installe et le mercure monte. Après la crainte des dernières gelées il y a quelques semaines seulement, le problème des fortes chaleurs arrive pour nos cultures !
Que vous soyez au nord du pays ou tout au sud, l’appréhension d’une attaque sévère de Dame météo ne sera pas la même. Mais vous le savez autant que moi, plus grand monde n’est épargné des excès de températures avec le dérèglement climatique : les vagues de chaleur se répètent saison après saison. Rappelez-vous cette fin juin 2019 ou l’été 2023 lorsque les températures dépassaient les 40° dans une grande majorité des régions ! Bien que l’on pourrait croire que le beau temps et les fortes chaleurs estivales sont bénéfiques pour nos cultures, en vérité, pas tellement ! Les plantes réclament le même environnement de bien-être que le jardinier. Sitôt les 27, 28°C dépassés, les conditions de vie des végétaux deviennent difficiles.
Au-delà de trente, chaque degré est un pas supplémentaire vers un stress, une survie plutôt que du bien-être. Elles restent à l’arrêt comme le jardinier qui restera bien à l’ombre, au frais, en attendant des heures plus clémentes de la journée pour faire les quelques travaux nécessaires au potager. Cela ne les empêchera pas de produire, mais les cultures n’aiment pas trop ça.
Alors, comment se protéger au mieux de conditions trop rudes avec des indices ultraviolets à 8, 9, 10, quand les cultures préfèreraient des indices à 5, 6, 7 ? Comment s’adapter à une météo qui peut s’avérer plus rude encore qu’un plein hiver !
Sommaire
L’ombrage, l’allié des cultures
C’est LA solution pour se protéger et une nouvelle fois la comparaison est vite trouvée avec le jardinier qui met son chapeau de paille sitôt la sensation de chaleur trop intense. Au potager j’utilise deux solutions efficaces que je partage avec vous pour faire baisser la température de plusieurs degrés.
Les esthétiques canisses pour ombrer le potager
Je les adore ! J’ai presque hâte de les installer chaque saison tellement elles donnent du cachet au potager, un petit côté « potager zen asiatique ». Seulement, hors de question de les installer au printemps, ou à l’automne, lorsque les indices UV sont tout autres, la chaleur aussi. Les canisses apporteraient une ombre inutile.
Je les installe seulement de début juin à fin septembre. Ce qui est déjà une sacrée période ! Ici dans le sud, ça cogne fort comme on dit. Encore à l’heure où je vous écris, il est prévu 33 à 35° pour les 3 prochains jours…
Si vous êtes dans une région où les 28°C sont dépassés régulièrement, où l’eau peut vite venir à manquer, pensez vraiment à cette solution d’ombrage. Ces canisses laissent passer facilement la moitié du rayonnement solaire. On peut donc les considérer comme un ombrage à 50%. Je peux vous garantir qu’en dessous, les cultures sont aux anges. Surtout chez moi, dans le sud, où le contexte est particulièrement difficile. Nous verrons tout à l’heure que certaines aiment plus encore que d’autres ces conditions de lumière tamisée.
Pour les installer, je plante directement des chevrons dans le sol et je les laisse en place toute l’année. À terme je pense investir dans des structures plus solides encore, avec piquets massifs et pics en métal à la base pour éviter tout contact avec la terre et le pourrissement qui va avec. Vous trouverez des canisses en promo pour environ 5 €/m².
En osier, en bambou, elles dureront 4 ou 5 ans minimum. Leur prise au vent est très faible étant donné que l’air passe au travers. Je me souviens d’abonnés qui ne croyaient pas en cette solution, au point de m’annoncer que je devais me préparer à faire des fagots avec mes canisses fracassées au sol.
Pourtant, malgré des rafales de vent proches de 80 à 100 km/h, elles sont toujours là, sans fracas. C’est pourquoi elles sont adaptées à l’ombrage : le vent, mais aussi la lumière passent à moitié, ce qui génère un environnement lumineux tamisé très adapté et apprécié. Au final, ce sont ainsi une bonne cinquantaine de mètres carrés qui sont ombragés au potager. Comme elles sont hautes de deux mètres environ, l’ombre navigue sous les canisses selon l’heure de la journée, ce qui offre à toutes les cultures des moments ensoleillés et d’autres à mi-ombre. Dans l’avenir, je pense ombrager un peu plus en été pour laisser continuellement toutes les cultures à mi-ombre. J’y vais petit à petit, cela reste un budget et du temps nécessaire à l’installation de toutes ces structures. Sur plusieurs années, la pilule passe plus facilement !
Les concluants filets d’ombrage
Géniale solution, elle est tout aussi efficace que les canisses. Elle aura même l’avantage d’être plus durable, du même coût (approximativement) à l’achat, autour de 5€ le m².
Le seul reproche que je pourrais lui faire est d’ordre esthétique, mais il est largement compensé par la possibilité de commander ses filets sur mesure ! J’ai fait faire par exemple un filet d’ombrage de 6m sur 3m qui protège toute une zone du potager consacrée aux cultures en carré avec aussi des arbustes fruitiers.
Cette zone est un petit paradis sous ce filet. Vraiment les cultures comme le jardinier s’y sentent bien, même aux heures les plus chaudes de la journée ! On peut perdre jusqu’à 10° et c’est tout un monde d’écart.
Trente-huit degrés et les cultures asphyxient en plein soleil. Avec un sol humide elles auront une roue de secours, de quoi survivre, mais tout sera à l’arrêt. Au contraire, 28° et c’est la joie, la vie ! Les feuilles restent pleinement ouvertes, exposées à la lumière et les besoins en eau baissent drastiquement.
Je pense aux courges notamment, aux courgettes, qui gardent leur splendeur, les choux sur lesquels presque je devine un sourire d’être dans de si douces conditions. Si vous optez pour cette solution, prenez des œillets en bordure, ce sera bien plus robuste et pratique pour les installer. Contrairement aux canisses, j’ai investi sur cette zone sur des piquets solides 9cm x 9cm, des pics en métal. Je souhaite vraiment faire durer cette structure sur de nombreuses années.
D’autres solutions pour ombrer le potager, partagées par de nombreux jardiniers passionnés
D’autres solutions d’ombrage pour le potager existent, l’important reste de protéger les cultures.
Ci-dessous, une liste non exhaustive des autres méthodes :
• Des draps blancs ou des toiles : À la différence des canisses, le vent ne passera pas au travers. Vous devinez donc le principal inconvénient : la prise au vent! Il faudra fortement les attacher. Le côté esthétique peut aussi être problématique ; c’est moins harmonieux que d’autres solutions.
• Des ombrages végétaux. J’ai souvent essayé, mais sans grand succès. Oui, on entend et on lit que le maïs, les tournesols, les cultures grimpantes peuvent produire des ombres portées. Dans ce cas il en faut beaucoup, en espérant qu’elles ne grillent pas elles-mêmes ! Encore cette saison, une culture de haricots grimpants, non ombragée, n’a pas survécu aux trop fortes chaleurs. D’autres cultures plus vivaces sont aussi souvent conseillées, comme les kiwis, la glycine, les vignes… J’avoue manquer encore un peu d’expérience sur la juxtaposition de ces cultures avec des cultures potagères en dessous. Par contre, j’en ai vu et c’est à la fois beau et productif. C’est en projet sur une nouvelle zone au potager. Je reste néanmoins convaincu, au vu de mes très nombreuses visites de potagers, que les solutions non végétales sont plus pratiques et efficaces, moins naturelles, mais plus «maîtrisables» qu’un ombrage végétal.
• Une forêt comestible. C’est très tendance. De nombreux ouvrages traitent le sujet et je leur laisse développer ces principes. Ici je me contente de quelques arbres fruitiers qui sont en bordure du potager. Des pommiers, poiriers, abricotiers, pêchers, plaqueminiers, qui nous offrent de belles quantités de fruits, mais que je dissocie de ma vision du potager. Ils offrent une ombre très sommaire avec leur hauteur modeste. J’insiste sur la facilité bien plus évidente de structures non végétales pour adapter l’exposition à la lumière de son potager.
Quoi qu’il en soit, retenons ce principe : ombrager son potager de façon partielle (on retiendra une occultation à 50 %) peut vous procurer une abondance bien plus grande.
À chaque plante ses besoins d’ensoleillement quotidien
Enfin, quelques détails pour savoir quels légumes seront les plus demandeurs d’ombrage : il suffit de savoir qui a besoin de plus ou moins de soleil.
Les choux par exemple se satisfont de deux heures d’ensoleillement par jour ! Alors vous imaginez de les laisser douze heures par jour sous 30°. Il faudra jouer de l’aspersion pour augmenter le taux d’humidité de l’air, afin de les aider.
Les laitues se régaleront tout autant d’un faible ensoleillement tout comme les épinards, les radis, les plantes aromatiques. Le plus simple est presque de ne tout simplement pas faire ces cultures en été ou sinon donc, de fortement les ombrager/les arroser.
Les courgettes, les blettes, navets, carottes, panais, betteraves, pommes de terre, fraisiers, mangetouts, pois, se contentent de quatre heures de soleil par jour pour un plein épanouissement alors pour eux aussi vous pouvez imaginer rapidement une solution d’ombrage pour la saison estivale.
L’ail, l’oignon, l’échalote, les haricots, aiment un peu plus de soleil encore, six heures par jour et ils seront ravis.
Les cultures estivales, aubergines, tomates, concombres, poivrons, melons, pastèques, aimeront jusqu’à huit heures de soleil par jour. MAIS avec une intensité mesurée, des indices U.V idéalement autour de 5, 6, 7. Vous pouvez donc envisager tout autant un fort ombrage sur ces cultures aussi.
Alors, pensez à cette comparaison permanente avec votre propre ressenti. Si vous allez au potager et que vous avez trop chaud, que vous vous couvrez d’un chapeau, d’une casquette, c’est que vos cultures auront également chaud et pourront apprécier un peu d’ombrage, ou même de l’eau : c’est ce que nous allons voir maintenant.
Et si l’on ne souhaite pas ombrer le potager ?
C’est parfaitement possible. Encore l’an dernier, dans le sud avec les températures extrêmes on voyait des choux se régaler en plein soleil. C’est grâce à l’aspersion : elle reproduit la pluie, les plantes adorent. C’est la méthode par excellence des maraîchers pour lutter contre les étés trop chaud et trop secs. Si vous ne souhaitez pas ombrer votre potager, c’est LA solution.
L’aspersion peut faire des miracles. Il est parfois plus simple de consommer 2/3m3 d’eau dans l’été pour refroidir le potager et apporter de l’humidité, plutôt que de se lancer dans des aménagements coûteux. C’est à vous de voir, selon votre contexte, votre région.
Bonne saison, à l’abri !
Pour un ombrage j ai obté par des grands arbres(cerisier a feur 2 grands pruier)et au fond du jardin la parti la parti la plus ensollier (8m x 8m 4 pieds de vigne pour une tonnelle en armature métallique de récupération.
Sa fait 3 ans,sa ne couvre pas tout, mais sa avance.
Merci pour ton article
Super, hâte d’avoir vos retours de la culture sous les fruitiers ! Chez nous ça fonctionne très bien sur certaines cultures, moins sur d’autres ! Tout dépend de l’ombrage effectué 😊
👋 Salut!!! L’installation d’un ombrage serait, chez nous, aussi coûteuse que compliquée. Je me pose 2 questions: 1) vaut-il mieux installer des brumisateurs ou 2) arroser avec tuyau + lance? Et surtout, à quelle fréquence et vers quelles heures de la journée? Merci. 😃
ici on a mis en extérieur un asperseur de pelouse qui tourne le matin tôt ou le soir quand on le souhaite 🙂
Bonjour, j’ai opté pour l’ombrage avec filet, mais je me questionne sur l’aspersion.
J’ai en tête qu’il ne faut pas arroser les feuilles pour ne pas qu’elles grillent au soleil.
N’est-ce pas ce qu’on fait avec l’aspersion ? Ça n’abîme pas les plantes ?
Bonjour Sophie,
Il faut en effet faire attention aux coups de soleil sur les végétaux. Sous un filet d’ombrage par exemple, vous pouvez vous permettre de faire de l’aspersion même en pleine journée pour faire chuter la température et réhumidifier un peu la culture sans risque.