En été, nos cultures ont besoin d’eau. Entre les restrictions et le manque de pluie, il faut savoir optimiser chaque goutte d’eau que l’on fait couler et si possible, les renvoyer vers notre potager. Voici quelques astuces afin de gérer au mieux le manque d’eau estival pour nos cultures.
Sommaire
Récupérez ce que vous pouvez
Un potager a des besoins en eau assez importants. Lorsque le mercure dépasse les 30°C, un seul plant de tomates peut pomper jusqu’à 10 L d’eau dans le sol par jour. Parfois, les restrictions d’eau locales viennent même interdire l’arrosage pour les particuliers. Voici quelques techniques simples à mettre en place qui pourront aider vos cultures à mieux passer la saison estivale. Dans un contexte de canicules à répétitions et sécheresses à rallonge selon les années, il est plus qu’important de se soucier de l’eau lorsque l’on est jardinier.
Les eaux pluviales : canaliser la pluie
L’eau de pluie tombe du ciel. Elle est gratuite et peut, si elle est bien stockée, absorber une grosse partie du manque de précipitation en été. De plus, elle vous permet, en partie, de vous affranchir de l’eau du réseau. Cette dernière a été traitée pour être rendue potable, les légumes n’en n’ont pas besoin.
Pour cela, tous les moyens sont bons ! Sur toutes vos toitures équipées de gouttières, venez installer des cuves de récupération d’eau de pluie. Même sur un petit toit, c’est plusieurs dizaines voire centaines de mètres cubes d’eau que vous pouvez récupérer à l’année. Par exemple, un toit de cabanon de 4 m2 permet de récupérer de quoi arroser un petit jardin.
Histoire de récupérer un maximum d’eau (il n’y a pas de petites économies), laissez vos arrosoirs, seaux et bacs en tout genre sous les orages. Ce sera alors toujours quelques arrosages en plus pour une plante ou deux pendant quelques jours. Si vous souhaitez estimer combien de litres vous pouvez récupérer à l’année sur votre toiture, je vous propose cet article de Terra potager qui vous explique comment faire ce petit calcul très simple.
Stocker l’eau de pluie
Une fois captée, il faut la stocker. Le principal inconvénient de récupérer l’eau de pluie reste le stockage. Malheureusement, lorsqu’il pleut, le jardin n’a pas besoin d’être arrosé. Il faudra donc conserver cette eau afin de l’apporter quand vos plantes lorsqu’elles en ont besoin. Il existe de nombreuses solutions possibles : cuves ibc, cuves béton, cuve souple bassins, mares naturelles… Il suffira se tourner vers la méthode la plus appropriée pour chez vous. Si vous souhaitez aller plus loin sur toutes les méthodes pour stocker l’eau de pluie, nous avons traité le sujet sur Terra Potager par ici.
Les eaux de rinçage
En été les récoltes sont abondantes et qui dit récoltes dit lavage et rinçage des légumes. Parfois, une seule laitue nécessite plusieurs litres d’eau pour être bien lavée. Je pense notamment aux laitues frisées par exemple, qui donnent bien souvent du fil à retordre concernant le lavage. Pour ce faire, il suffit de laver vos légumes dans une bassine afin de pouvoir arroser directement avec l’eau ou de la transvaser dans une cuve de stockage par la suite.
Si vous avez la place également, il peut être judicieux de s’installer un évier extérieur avec un grand bac. Il permettra de laver vos légumes facilement, sans ramener toute la terre et les résidus de paillage à la cuisine. Vous pouvez alors raccorder l’évacuation de ce lavabo à un système de récupération d’eau très facilement. Encore une fois, cela peut sembler rudimentaire, mais étant donné que nous lavons nos récoltes quasi quotidiennement, cela représente tout de même plusieurs centaines de litres sur la saison. Vous pouvez également récupérer vos eaux de cuisson si elles ne sont pas salées. Attention à attendre qu’elles soient refroidies avant d’arroser !
Une bassine dans la douche
Autre technique, au moment de la douche, on laisse généralement couler quelques litres avant d’avoir de l’eau à température pour se laver. Selon votre système de chauffage de l’eau et la distance qui sépare votre douche de votre chauffe-eau, cela représente souvent plusieurs litres d’eau. Encore une fois, il s’agit d’eau potable qui repart directement dans le siphon direction la station d’épuration. Petit geste simple, venez mettre un seau, ou directement un arrosoir dans la douche afin de récupérer ces quelques litres et pouvoir en faire bénéficier vos légumes 🙂
Limiter l’évapotranspiration
Une grosse partie de l’eau que l’on donne aux plantes disparaît sous forme d’évapotranspiration des feuilles des végétaux. Plus la plante est développée, plus ses besoins en eau sont conséquents.
Afin de limiter cette perte incompressible, vous pouvez ombrer vos cultures par temps très chaud et sec. Filets d’ombrages, canisses ou même sous les arbres, de nombreuses cultures s’y sentent mieux qu’en plein soleil. Si la thématique de l’ombrage du potager vous intéresse, je vous propose un article réalisé par Olivier Puech sur la gestion et l’aménagement d’ombrage au potager.
Paillez le potager !
Une des solutions qui reste très efficace pour économiser l’eau au potager est l’utilisation de paillage. Le paillage est une couche de matières organiques que l’on vient déposer sur le sol autour des plantes. Il permet que les rayons du soleil ne tapent pas directement sur la terre et donc, maintient la surface du sol fraîche et humide.
En agissant comme une barrière protectrice, le paillage réduit l’évaporation de l’eau du sol causée par le soleil et le vent. Il maintient une température plus constante du sol, ce qui permet de réduire les besoins en arrosage. De plus, ce paillis aide à éviter les mauvaises herbes, ce qui limite leur compétition pour l’eau avec les plantes cultivées.
Dans l’absolu, vous pouvez utiliser tous vos déchets organiques en paillage. Tontes, feuilles mortes, déchets de tailles, BRF, paille, foin, bref, tout ce que vous pouvez récupérer. Un paillage vert, comme la tonte, aura tendance à se décomposer plus rapidement qu’un paillage brun comme le broyat de bois.
Si vous souhaitez produire votre propre paillage avec toutes les ressources disponibles sur votre terrain, nous vous avons concocté un article sur le sujet.
Faites des arrosages efficaces
Afin de faire des économies d’arrosage, tentez également d’arroser le mieux possible. Essayez, dans la mesure du possible, de faire vos arrosages le matin ou le soir. La température y est plus fraîche et l’eau aura le temps de pénétrer dans le sol. L’évaporation sera moins importante à ces moments-là et les plantes bénéficieront au mieux de cet apport. Avant d’arroser, essayez toujours de savoir si vos plantes en ont besoin. Il suffit de venir gratter les centimètres supérieurs du sol. S’ils sont frais et humides, pas besoin d’arroser. Dès qu’ils sont secs, il sera alors tant d’arroser.
Il existe plusieurs façons d’arroser : régulièrement en petite quantité ou à des fréquences plus espacées en plus grande quantité. La première méthode sera à privilégier dans les sols qui ne retiennent pas trop l’eau : substrat très sableux avec des cailloux par exemple. Si vous cultivez en bacs, ce sera également plus approprié. En revanche, si votre sol conserve l’eau un certain temps, espacer les arrosages permettra à la plante de développer un système racinaire profond où elle ira chercher l’eau. Cela permet de limiter l’arrosage et les pertes. Même si l’eau descend en profondeur, vos légumes pourront en bénéficier.
Et le goutte à goutte ?
Vous pouvez également vous tourner vers un système de goutte-à-goutte pour économiser de l’eau au jardin. Cette technique est particulièrement efficace pour les grands jardins où l’arrosage nécessaire est plus conséquent. Néanmoins, le goutte à goutte ne remplacera jamais une bonne pluie ou un arrosage conséquent du potager !
Chaque litre d’eau compte et vous avez maintenant des clés pour récupérer de l’eau un peu partout dans votre maison. Dans notre contexte de réchauffement climatique et, plus généralement, d’irrégularité des précipitations en été, il est primordial de s’organiser pour gérer au mieux la ressource en eau disponible pour le potager.
Ceci étant dit : ne vous privez pas non plus d’utiliser un peu l’eau du réseau si vous n’avez pas suffisamment de stockage. Et même si certains jugent cela « criminel » pour reprendre leurs mots, nous ne sommes pas d’accord. Un foyer français de 4 personnes consomme environ 150m3 en moyenne par an. Ce n’est pas 10, 15 m3 d’eau en plus qui vont changer la face du monde. Le bilan carbone d’un mètre cube d’eau reste assez faible. L’important est de ne pas gâcher et de l’utiliser à bon escient. Rappelons nous qu’avec cette eau, on produit de la nourriture, soit un besoin essentiel !
Entièrement d’accord pour conserver eaux de pluies et de rinçage. Attention toutefois à ne pas constituer des aquariums à moustiques, notamment tigres. Une eau de rinçage (des légumes), stockée quelques jours dans un lieu accessible (une véranda, en l’occurrence) pullule de larves de moustiques. Vites gérées parce qu’il suffit d’arroser pour qu’elles se retrouvent rapidement au sec. Mais quid d’une grosse cuve de plusieurs centaines de litres ? Il faut que le dispositif de collecte soit étanche aux insectes.