La taille des tomates est une question qui divise les jardiniers. Au potager permacole, nous expérimentons les deux, et selon les cas, la taille s’avère ou non bénéfique. On a quand même remarqué que l’on rencontrait moins de soucis avec les plants taillés, notre climat étant tout de même un peu humide. Nous allons essayer de vous accompagner sur cette question qui n’est pas forcément toujours facile à trancher.
Sommaire
Taille ou pas taille, une question de choix
Tailler les tomates peut avoir beaucoup d’avantages : précocité, prévention des maladies, récolte facilitée…
Mais ne pas tailler ses tomates a également ses avantages : moins d’entretien, production potentiellement plus importante par plant, moins de plants à réaliser…
Par ailleurs, tailler est une pratique chronophage, qui demande une attention quasi quotidienne du jardinier, mais aussi des gestes et des réflexes qui sont propres à cette pratique.
Tailler ses tomates, c’est quoi exactement ?
Une tomate va naturellement, comme nombre d’autres plantes, faire des tiges secondaires au cours de sa croissance. À chaque aisselle de feuille, un bourgeon va sortir et produire une nouvelle tige. ce dernier pourra à son tour porter des fruits. En taillant, on va donc venir supprimer les tiges secondaires afin de garder notre plant sur un nombre de tiges restreint. Avant de voir si vous taillez ou non vos plants, vérifiez si la variété a un port déterminé ou non.
Port déterminé ou non ?
Avant de se poser la question de la taille, il faut connaître un peu mieux les plantes que l’on cultive. Parmi les tomates, on retrouve deux types de ports différents : ceux à port indéterminé et ceux déterminés. Les premiers poussent toute la saison s’ils ont les nutriments et l’eau nécessaires. Les seconds ont, naturellement, dans leur génétique, un facteur qui déterminera le nombre de grappes de fruits que la plante sera capable de porter. On dit généralement que ces tomates sont buissonnantes. C’est par exemple le cas des tomates italiennes pour la sauce type Roma ou San Marzano. Ces dernières sont moins sensibles aux maladies et auront un port rampant et buissonnant. C’est également le cas des tomates naines comme les variétés Ida Gold ou Rotkappchen.
Si vous taillez ces plants, vous risquez de perdre drastiquement en productivité. Selon les variétés que vous avez semées, renseignez-vous donc sur le type de port qu’elles ont, en fonction cela influe sur votre choix de les tailler ou non.
Pourquoi tailler les tomates ?
Gagner en précocité
La taille des tomates permet de gagner quelques semaines sur les premières récoltes. En supprimant les rameaux secondaires de la plante, cette dernière va avoir plus d’énergie en se concentrant uniquement sur la tige principale et sur les premiers bouquets floraux. On récoltera donc plus rapidement en saison sur des plants taillés que l’inverse.
Faciliter le tuteurage
Nous l’avons vu dans l’article sur le tuteurage des tomates, mais ce dernier permet d’éviter que les feuilles et les tiges de la tomate soient en contact direct avec le sol. En effet, la tomate n’apprécie pas avoir ses feuilles au contact permanent à l’humidité. On va donc attacher nos tomates sur des piquets, structures, cages afin de les soutenir et de les faire tenir debout. Si vous avez des tomates sur une tige, elles seront faciles à accrocher au fur et à mesure de la croissance. Dans le cas contraire, vous allez devoir faire une structure avec de multiples ficelles et attaches pour éviter que vos pieds de tomates ne s’effondrent sous le poids des fruits. En taillant vos tomates, cela facilite le tuteurage des plants. Concernant l’arrosage, la taille permet également de moins mouiller le feuillage.
Favoriser la circulation de l’air : aérer les plants
La taille des tomates est également une des mesures préventives conseillées pour limiter l’apparition et la propagation des maladies. En tuteurant et en taillant les tomates, on favorise la circulation de l’air entre les plants. Ainsi, le feuillage sèchera plus vite le matin après la rosée ou après une pluie d’été. Sur la culture de la tomate, un des principaux enjeux reste les maladies cryptogamiques. Le mildiou ou le botrytis sont bien souvent la cause de la fin des récoltes. Ce que l’on va rechercher avec la taille, c’est de repousser au maximum l’apparition des premiers signes de développement des champignons.
Supprimer les feuilles malades : limiter la prolifération des champignons
Dans la même logique qu’aérer ses plants de tomate, on va essayer systématiquement d’enlever les parties malades de la plante. Dès qu’un climat humide un peu prolongé s’installe au début ou pendant l’été, les tomates sont vulnérables aux maladies cryptogamiques. Il y a presque toujours en cours de cultures des feuilles qui sèchent ou qui s’abîment à cause de ces champignons. On va essayer, au fur et à mesure qu’on les voit de les couper et d’écarter les tailles du potager afin de limiter la propagation. Lorsque l’on agit rapidement, les champignons n’ont pas le temps de faire des spores et donc de se propager de façon aérienne.
L’étêtage en fin de saison : faire mûrir les dernières tomates
Au-delà de l’aspect maladie, la taille permet également d’augmenter vos rendements. En effet, lorsque le mois de septembre arrive, il reste souvent beaucoup de fruits qui ne sont pas arrivés à maturité. Pour rappel, il faut compter environ 60 jours entre la fleur et le fruit. Les derniers bouquets de fleurs, ainsi que l’apex (tête de la tomate) peuvent être sectionnés en fin de saison. Cela permet à la plante de concentrer toute son énergie à faire mûrir ses fruits déjà verts sur les branches.
Faire des associations avec vos tomates
Dans les petits potagers, on essaye souvent d’optimiser l’espace disponible. Si vous tuteurez vos tomates, de l’espace se libère à son pied. En taillant la partie aérienne, vous permettez également à la lumière d’arriver au sol. Cela permet d’envisager d’associer d’autres cultures avec la tomate. Vous pouvez installer tout type de légumes à la végétation basse qui s’associeront très bien avec les tomates. Vous pouvez par exemple les associer avec des laitues, des carottes, de la roquette, des fleurs, du basilic et autres aromates. La taille permet donc d’augmenter la productivité sur le même espace cultivable. Si vous n’avez pas une place extensible pour votre potager, cela peut être très intéressant de tailler vos tomates.
Vous souhaitez associer vos tomates avec d’autres cultures ? Vous trouverez toutes les associations que nous avons testé dans notre article les associations de la tomate.
Quelle taille adopter ?
Lorsque l’on parle de taille, cela regroupe plusieurs pratiques et peut être fait dans plusieurs objectifs. Globalement, c’est avant tout une mesure prophylactique visant à réduire le risque de maladies de cette culture : mildiou, botrytis et compagnie.
L’ébourgeonnage ou égourmandage : limiter le nombre de tiges
Quand on aborde la taille des tomates, c’est surtout pour parler de l’égourmandage. C’est la pratique qui vise à supprimer les rameaux secondaires de la tomate qui naissent à l’aisselle des feuilles. Selon la méthode de tuteurage choisie, on va déterminer le nombre de tiges que l’on souhaite conserver. Par exemple, chez moi l’été passé, j’ai guidé la plupart de mes tomates en extérieur sur une structure en bambou avec des ficelles. J’ai choisi, avec la forme de la structure et la place disponible, de conduire mes tomates en deux tiges. Il faudra donc choisir une tige secondaire que l’on ne viendra pas tailler. Généralement, je choisis une tige à forte croissance, à 40 cm du sol environ.
Quelques règles de taille
Pour tailler, plusieurs règles sont à respectées, sans quoi, la pratique peut s’avérer plus problématique qu’autre chose :
- Taillez vos gourmands le plus tôt possible. En effet, plus sa section de tige sera fine, plus elle cicatrisera vite et ne deviendra pas une porte d’entrée pour les virus et champignons. Si c’est possible pour vous en début de saison, passez idéalement tous les deux à trois jours tailler vos tomates.
- Faites des coupes propres ! Lorsque l’on taille, on va le faire avec un outil bien tranchant (sécateur ou épinette) et faire des coupes franches. On peut casser les branches de petit diamètre à la main. Dès que ces dernières sont un peu plus grosses, on risque de faire des plaies et blessures à la tige. Dans l’absolu, essayez de le faire avec un outil propre pour éviter de propager d’éventuelles maladies. On peut désinfecter avec de l’alcool ou simplement en passant la lame au feu quelques secondes. (si vous taillez des tomates malades, nettoyez vos outils le plus fréquemment possible)
- Taillez par temps sec et chaud ! Pour que vos tiges cicatrisent vite, idéalement le taux d’humidité doit être bas. On taillera donc si possible le matin, par jour de grand soleil. Dans ces conditions, les tiges cicatriseront en quelques heures.
- Ne laissez pas vos tailles au pied des tomates. Des pathogènes pourraient s’y développer et contaminer les tiges. Je les mets généralement directement au compost !
Tailler les feuilles du bas
Cette taille n’est pas destinée à limiter le nombre de tiges, mais simplement à éviter le contact des feuilles avec le sol. Dès que le pied de tomate atteint 40 à 50 cm, je vais venir supprimer les feuilles du bas de la plante. Cela va permettre d’éviter le contact direct des feuilles avec la terre et donc de rester humide plus longtemps. C’est avant tout une mesure pour éviter une propagation à venir de maladies.
Par ailleurs, au fur et à mesure de sa croissance, les feuilles du bas de la tomate sont moins alimentées en nutriments. À l’ombre des autres feuilles, elles font moins de photosynthèse et la tomate envoie une grosse partie de son énergie dans le bout des tiges. Les feuilles du bas, si elles n’ont pas été effeuillées avant, vont être plus susceptibles d’avoir des traces de maladies, des morceaux secs, etc. Cette taille-ci ne fera aucun mal au plant et n’aura aucun impact sur sa croissance ou autre. C’est avant tout une mesure prophylactique, encore une fois avec l’objectif de limiter les risques d’apparition de maladies. Pour aller plus loin sur la taille des feuilles du bas de la tomate, un article spécifique est disponible sur Terra
Ne pas tailler toutes les tomates !
Nous vous l’avons dit, au jardin tout est une question de choix! Certaines variétés de tomates ne se prêtent pas à la taille, nous l’avons vu. Généralement, il est également admis qu’un plant non taillé produit plus de fruits, mais de plus petit calibre que son homologue taillé. Observation que je peux faire dans mon jardin, mais c’est toujours difficile de comparer sur quelques pieds qui n’ont pas forcément accès à la même fertilité, ensoleillement… Dans tous les cas, si vous ne savez pas ce qui est le mieux pour votre potager, je vous conseille de faire les deux. Essayez de tailler une partie de vos tomates et l’autre non. Au bout de quelques saisons, choisissez la pratique qui vous correspond le mieux ou continuez à mixer les pratiques 😉
Si vous souhaitez avoir quelques explications de la taille des tomates en images, Olivier Puech a réalisé une vidéo assez complète dessus
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