Véritable richesse pour le potager, le compost de déchets verts est un amendement très intéressant au jardin. Minéraux, matière organique et micro-organismes, cette recette permettra à vos légumes de s’épanouir au potager. Dans cet article, je souhaite vous expliquer qu’est-ce que le compost de déchets verts, comment en fabriquer et s’en servir. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire 🙂
Sommaire
C’est quoi le compost de déchets verts ?
Le compost de déchets verts est le résultat de la décomposition de matières organiques végétales. Sa composition varie, mais on y retrouve généralement des restes de tailles de végétaux, de tontes, de feuilles mortes et de déchets de cuisine.
En entassant toutes ces matières en tas ou dans un bac, une transformation de la matière va avoir lieu. Des milliers de micro-organismes, des bactéries aux vers de terre en passant par de nombreux insectes vont s’activer pour dégrader et transformer ces matières fraiches en un humus stable, riche et nourrissant pour nos cultures. Pour un bon travail de ces ouvriers de la vie du sol, il leur faudra un milieu bien oxygéné. C’est pour cela que l’on conseille de retourner ou d’aérer le compost régulièrement (s’il est bien équilibré, un seul brassage peut néanmoins suffire à faire un beau compost). Au bout de 9 à 12 mois, tous ces résidus végétaux seront transformés en un compost prêt à l’emploi, plus ou moins mûr selon les contextes. Il pourra alors être tamisé plus ou moins finement.
Compost de déchets verts : à la recherche de l’équilibre C/N
Vous souhaitez lancer votre compost de déchets verts ? Pas de panique, ce n’est pas très compliqué mais certaines règles sont à respecter pour que tout se déroule pour le mieux.
Dans vos apports, il faudra différencier les matières brunes des matières vertes, les carbonées des azotées.
Les matières brunes (carbonées)
Dans un compost, on appelle matières brunes tous les restes végétaux riches en carbone. Du broyat de bois par exemple ou encore des feuilles mortes, des troncs de légumes ont un rapport carbone/azote assez haut et donc ont une dominance carbonée. La matière brune dans un compost est indispensable, généralement, elle constitue entre ⅓ et la moitié des apports à faire dans son tas de compost de déchets verts. Globalement, on va chercher à tendre vers un rapport carbone/azote équilibré. Si cette notion ne vous est pas familière, je vous invite à aller consulter cet article de Terra potager sur le rapport carbone/azote.
Les matières vertes (azotées)
Par opposition aux matières brunes, les vertes sont plus tendres, plus riches en azote. On retrouve alors les tontes, les restes de cuisines. Tout ce qui est « mou » est souvent considéré comme une matière verte, azotée.
Ces matières, riches en eau, nécessitent des matières plus sèches, plus brunes pour former un bon compost. Si vous avez un bac à compost chez vous et que vous apportez uniquement vos restes de cuisine, vous en avez peut-être fait l’expérience. Toutes les semaines on apporte seau après seau et le tas ne semble pas beaucoup grossir. C’est normal, les déchets de cuisine sont des matières vertes, humides, très riches en azote avec peu de carbone. Elles auront donc tendance à rapidement se décomposer et ne produiront pas beaucoup de compost. Essayez, lors de vos apports d’ajouter un peu de matière brune à chaque apport de matière verte.
La matière optimale à utiliser pour un bon compost de déchets verts équilibrés reste le broyat de déchet vert. Il s’agit de broyat de végétaux en vert de petits diamètres. On retrouvera donc une matière avec du feuillage et du bois, parfaitement équilibrée. Si vous avez un broyeur, lors de vos tailles, ne vous privez pas !
La ressource la plus simple à trouver est souvent la feuille morte. On en trouve en quantités à l’automne et il suffit de la stocker à l’abri de l’humidité pour s’en servir toute l’année afin d’équilibrer son compost.
Les matières à éviter ?
Dans l’absolu, vous pouvez mettre toutes les matières organiques dans votre compost. Certains apports pourtant prendront beaucoup plus de temps à se décomposer que d’autres et certains même ralentissent la décomposition. De façon générale, les produits d’origine animale (viandes, poissons, produits laitiers) sont déconseillés. Ils se décomposent mais ils peuvent également attirer des indésirables (mouches, rats…) On évite donc de les mettre dans le bac à compost.
En grande quantité certains apports sont aussi à éviter dans le compost. Contrairement à un compost industriel, nos petits composteurs de jardins ne montent pas assez en température pour tuer les graines qui s’y trouvent.
On évitera donc les plantes invasives qui sont montées à graines sans quoi on risque de se retrouver avec des repousses dans toutes nos plates-bandes. Évitez aussi certains végétaux coriaces qui ont tendance à prendre racine rapidement : ronces, lierres, liserons… Ils risquent de se marcotter et de se multiplier dans votre tas. Vous pouvez les faire sécher avant de les incorporer si vous souhaitez vraiment les composter.
Qui travaille à décomposer la matière organique ?
Dans un tas de compost, ce sont des milliers de petits ouvriers qui s’activent à transformer la matière brute en compost, riche en humus en minéraux. On retrouve d’abord toutes les bactéries qui s’activent à dégrader les matières à une vitesse folle. Il y a également les champignons qui consomment essentiellement la matière carbonée du compost. Il y a aussi des insectes comme les collemboles, les cloportes, les vers de terre qui participent activement à ce chantier. Sans toute cette microfaune, aucun déchet organique ne disparaitrait, heureusement qu’ils sont là !
Où stocker mon compost ?
Vous pouvez faire votre compost soit en tas soit en bac. La première option est la plus simple et ne demande pas grand-chose de plus d’un mètre carré au fond du jardin. Pour des raisons souvent esthétiques, beaucoup de jardiniers font leur compost dans des bacs. Si vous avez un potager, vous devez avoir beaucoup de matière organique à disposition. Pas toujours facile d’avoir qu’un bac et il se remplit souvent bien vite dès qu’on y met ses tailles, tontes et feuilles. Je vous conseille donc d’installer deux bacs côte à côte afin de pouvoir en remplir un second une fois le premier plein. Cela permet de laisser le processus de compostage se finir en arrêtant les apports dans le bac. Si vous n’avez qu’un seul composteur, vous pouvez également souvent récupérer du compost par le bas, une trappe y est parfois installée.
Le bac mobile
Cette année, j’ai décidé de mettre en place un bac composteur déplaçable. Il fait environ 200 L et une fois plein, je n’ai plus qu’à le mettre à un autre endroit. Je viendrai directement implanter une culture à l’emplacement de tas de compost dans quelques mois. Cela permet d’enrichir bien une zone afin d’y implanter une culture gourmande. Les courges notamment se plaisent très bien dans un ancien tas de compost.
Si le compost en tas ou en silo vous intéresse, cet article de Terra Potager y est dédié !
Dans l’absolu, essayez de réfléchir au meilleur emplacement pour votre tas de compost. Si possible, il doit être pas trop loin de la maison afin de pouvoir apporter vos déchets organiques de cuisine fréquemment. Essayez également de le mettre non loin du potager, cela évitera d’accumuler trop d’allers-retours au moment où vous l’utiliserez. Pour ce qui est du soleil, il est toujours plus intéressant de placer votre compost à la mi-ombre plutôt qu’au soleil, mais faites au mieux selon l’exposition que vous aurez dans votre jardin.
Pourquoi composter ?
Les déchets organiques représentent près d’un tiers de nos poubelles. D’ailleurs à partir de janvier 2024, une loi oblige les municipalités à proposer une solution de compostage à tous les ménages ! De plus, si vous avez un jardin, avoir un tas de compost évite également les allers-retours en déchetterie. Raison de plus si vous avez un potager, cette matière est en réalité une ressource inestimable pour vos légumes. En produisant votre compost, vous réduisez donc les intrants de votre potager en produisant une partie de vos amendements. Vous pouvez également produire votre propre terreau à partir de votre compost. Nous avons déjà réalisé un article sur le terreau de feuilles mortes, très utile pour les semis.
Où trouver gratuitement du compost de déchets verts ?
Lorsque l’on voit la quantité de matière que l’on met au compost et ce qu’il reste à la fin, c’est parfois décevant. Entre la matière brute et la matière compostée, on perd énormément de volume. De plus en plus de municipalités proposent gratuitement ou à prix symbolique le compost de déchets verts effectué par les organismes de collecte des déchets verts de la commune. Renseignez-vous auprès de la vôtre mais c’est généralement le cas. Si vous avez de la place chez vous, vous pouvez également essayer de contacter les entreprises d’espaces verts. Ils ont à disposition une très grande quantité de matière qu’ils mènent quotidiennement en déchetterie. Certains seront donc très heureux de venir benner directement chez vous leurs résidus de tailles et tontes. Cela peut être une très bonne solution pour amasser une grande quantité de matière organique.
J’espère vous avoir convaincu d’installer un bac à compost chez vous et d’utiliser votre propre compost de déchets verts au potager 🙂
J’adore votre revue à laquelle je suis abonnée. Je jardine depuis longtemps et c ‘est la 1ère fois que je lis une revue de jardinage aussi riche. Les apports sont à la fois théoriques et pratiques et très développés. Vous êtes vraiment extraordinaires.
Merci beaucoup Marie pour ce témoignage : ca fait super plaisir !! 🙂
A bientôt
Guillaume et Jean-Baptiste