Dans cet article, tentons de réfléchir ensemble à la création d’une haie persistante, fruitière, et mellifère !
Sommaire
L’utilité des haies persistantes (et fruitières !)
La haie, vecteur d’intimité
Les haies sont très utiles dans un jardin en permaculture. Elles procurent de l’ombre, enrichissent le sol, produisent du paillage, accueillent des auxiliaires de culture, et parfois, nous cachent du voisin…
Sur ce dernier point, c’est souvent la déception quand, arrivé l’automne, la haie se dépouille de ses feuilles et met notre jardin à la vue de tous. Pour certains ce n’est pas un problème, mais d’autres préfèrent garder leur intimité toute l’année !
C’est pour cela qu’aujourd’hui les jardins sont très fréquemment parés de haies de cyprès ou de laurier cerise, des végétaux persistants qui nous protègent des regards en toutes saisons.
Une haie peut doit remplir d’autres fonctions !
Cependant, ces végétaux ne sont utiles que pour cela…
Bien que certains oiseaux y fassent leurs nids, nous y croisons rarement des insectes, à part des pollinisateurs généralistes sur les laurier cerises lorsqu’ils fleurissent, mais cela arrive peu souvent lorsqu’on les taille tous les ans…
D’un point de vue écologie et utilité pour le potager et l’écosystème qui l’entoure et le compose, le bilan est, nous pouvons le dire, un peu médiocre.
Pourtant, avec un peu de réflexion, nous pouvons tout à fait faire de notre haie persistante une haie à la fois vectrice de biodiversité, mais également nourricière, tout en nous nourrissant en partie.
[Cette réflexion sur la biodiversité et l’utilité de chaque plante dans votre potager est au cœur d’un design en permaculture. Pour répondre à un besoin quelconque de l’habitant du lieu, ici se cacher du voisin, il est possible de réfléchir plus globalement, et de se questionner sur la façon de remplir ce besoin tout en favorisant les autres êtres vivants autour de nous et maximiser l’utilité de chacun des éléments.
On peut en effet se questionner sur l’utilité de la haie : dans un projet de haie de cyprès, elle va servir presque uniquement à cacher la vue, tandis qu’une haie composée de végétaux plus utiles va remplir d’autres fonctions : production fruitière, production de nectar, production d’un BRF de qualité, hébergement d’insectes, apport d’azote dans le sol, etc.]
En effet, de nombreux végétaux fruitiers ont un feuillage persistant. Leur seul inconvénient est parfois leur croissance, très lente. Mais si nous souhaitons nous accommoder au rythme de la nature, nous accepterons ce désavantage en voyant notre objectif, année après année, être progressivement atteint. En attendant, vous pourriez investir dans des palissades ou des filets, afin de cacher provisoirement la vue, même si cette proximité avec le voisin peut aussi être l’occasion de créer des liens, et discuter ensemble…! 😉
Des fruits pas tous délicieux, mais tout de même productifs !
Par ailleurs, ne vous bercez pas d’illusions : n’imaginez une récolte abondante de fruits délicieux sur une haie persistante. Quelques-uns sont intéressants, mais pour certains, un climat adéquat sera indispensable à la fructification. Ainsi, si vous habitez dans un climat vraiment frais et peu propice aux cultures « exotiques », il est peut-être préférable d’installer une haie classique, persistante ou non, mais avec des essences variées, ou bien une haie champêtre, utile à la biodiversité.
Dans ce cas, tant pis pour la vue dégagée en hiver : pourquoi pas l’occasion de nouer des liens avec vos voisins… ?! Vous pourrez néanmoins installer au pied de cette haie de nombreux petits fruits ou lianes fruitières.
Nous avons également des végétaux fruitiers intéressants qui se cultivent quasiment partout : l’arbousier, et les eleagnus. Ainsi que quelques agrumes rustiques qui seront intéressants même en climat frais.
Nous vous en parlons ci-dessous.
Qui sont ces végétaux persistants et fruitiers ?
Il en existe de nombreux, qui produiront si votre climat le permet. En dehors de ces climats, vous aurez la possibilité d’admirer leur floraison, et peut-être dans quelques années certains fruits… En effet, le réchauffement climatique étant inévitable, il est probable que nos climats évoluent et avec eux, les comportements des végétaux que nous y avons implantés.
Nos favoris : adaptables à presque tous les climats et types de sols.
•L’arbousier :
Un arbuste parfait pour créer une haie fruitière. On transforme ses fruits, les arbouses, en gelées ou en confitures. Consommées crues, les baies ne sont pas très goûteuses, mais certains les apprécient !
L’arbousier croît lentement mais surement, et protège très bien de la vue.
Vous pouvez le cultiver quasiment partout, mais ses fruits ont besoin d’un automne doux pour arriver à maturité. En région froide et humide, l’arbousier ne produira pas souvent car les fruits gèlent en hiver. Sa floraison automnale est tout de même jolie et mellifère !
•Les eleagnus :
On les connait surtout pour leur utilisation en haie persistante, mais on ignore souvent que certaines variétés produisent des fruits ! Leur culture est très simple, car les eleagnus s’adaptent presque partout et poussent assez rapidement. Parmi les Eleagnus cultivés pour leurs fruits, nous avons le goumi du Japon, l’olivier de Bohème, etc…
Pour plus de renseignements, nous vous invitons grandement à consulter cet article sur le site de l’association ‘La graine indocile’ : http://www.lagraineindocile.fr/2012/11/les-eleagnus-elaeagnus-spp.html
Vous trouverez des indications sur les différentes variétés à cultiver.
D’autres végétaux fruitiers et persistants.
•Le feijoa, ou Goyavier du Brésil.
Cet arbuste mesure de 2,5 m à 6 m selon les climats et les sols et produit des fruits ovoïdes de 5 à 10 centimètres. Ils fructifient en Corrèze à 500 m d’altitude.
Sa croissance est lente, mais il vous offrira une floraison magnifique et des fruits si vous êtes dans la moitié sud de la France (néanmoins, si vous vivez dans la moitié Nord, n’hésitez pas à tester ! Au pire, les fleurs sont également très bonne !).
Afin d’avoir une meilleure pollinisation, nous vous recommandons de cultiver deux variétés différentes.
•Le kumquat :
Si vous êtes dans un climat où il ne gèle presque pas, cet arbre est fait pour vous ! Il résiste tout de même à -10 degrés une fois bien installé, mais il perd alors ses fruits (à partir de -4 degrés). Vous pouvez le cultiver dans la zone dite « de l’oranger »… et un peu autour tout de même, mais dans une zone bien abritée.
D’ailleurs, si vous y vivez, vous pouvez tout à fait utiliser l’oranger en haie fruitière !
•Le citronnier Yuzu
Il peut résister à de fortes gelées une fois bien installé, jusqu’à -15 degrés. Des vergers sont en cours de plantation en France, en Corrèze notamment. On utilise principalement le zest.
•Le mandarinier de Satsuma :
Si votre climat le permet, ces mandariniers produiront de délicieuses mandarines, sans pépin.
Les variétés recommandées sont ‘Owari’, et ‘Okitsu’, les plus rustiques soit disant, bien qu’il existe maintenant un cultivar presque introuvable tellement il est victime de son succès : le Mandarinier Owari ‘Francis soulès’. Il résisterait à -14°C, ce qui est exceptionnel pour une mandarine.
L’arche du Livradois en cultive en Auvergne, à 1000 m d’altitude, c’est pour dire s’il peut s’adapter à nos climats ! Le satsuma résiste en général à -12°C. Vous avez cependant d’autres agrumes rustiques plus intéressant qui fructifieront et pousseront mieux dans les régions plus à l’est, ou au centre. Voici une liste du livre Agrumes résistants au froid de Olivier Biggio et Bertrand Londeix.
En parlant d’agrumes rustiques, c’est l’occasion de vous présenter notre numéro spécial dédié à ces plantes. On vous donne tous les conseils pour réussir vos agrumes, et partout en France !
•Le néflier du Japon :
Originaire des montagnes de l’Himalaya, le néflier du Japon est surtout cultivé pour ses magnifiques fleurs. Ces dernières attirent une multitude d’insectes !
Il est rustique jusqu’à -10 degrés et se cultive très bien : il pousse rapidement et ne demande pas beaucoup de soins. Évitez tout de même les emplacements trop venteux et les sols gorgés d’eau en hiver. Le néflier du Japon produit des fruits orangés prêts à déguster au printemps. Ils gèlent souvent en hiver malheureusement, selon le climat.
Parmi les variétés cultivées, il existe la ‘Champagne’, ‘Peluche’, ‘Early red’ ou encore ‘Tanaka’. On vous recommande cette dernière variété, elle est plus tardive que les autres, mais ses fruits sont plus savoureux.
Si le thème du verger vous intéresse, nous avons sorti un numéro sur la résistance au gel et la prévention des maladies au verger, entre autres ! N’hésitez pas à prendre votre abonnement en cliquant sur ce lien : https://lepotagerpermacole.fr/produit/abonnement-1-an-6-numeros-le-potager-permacole/
Profitez-en, elle est à prix libre !
Zoom sur la passiflore : un végétal fruitier et (semi)persistant.
Cette plante convient très bien pour cacher la vue si elle occupe bien l’espace, produit des fruits et est médicinale ! Pour la cultiver, il suffit d’installer une treille et de la faire grimper dessus.
La passiflore vous cachera des regards, car elle garde en partie ses feuilles en hiver (si votre climat est doux). Sa croissance est très rapide, elle peut même devenir envahissante. On peut alors la tailler sévèrement quand cela est nécessaire et se servir des tailles pour faire du paillage.
La variété ‘Passiflora Tucumanensis’ est très intéressante : elle est rustique jusqu’à -10/-15 degrés et produit des fruits plutôt savoureux dans le sud de la France.
Les feuilles de la ‘Passiflora Incarnata’ sont utilisées en médecine naturelle. Elle s’utilise en usage interne et externe.
• Bienfaits en usage interne : améliore le sommeil, réduit la tension nerveuse, l’anxiété, l’irritabilité ; est antispasmodique ; agit sur les palpitations et l’hypertension liées à l’émotivité ; est antidouleurs ; réduit les symptômes de l’asthme…
• Bienfaits en usage externe : traite les affections cutanées, les hémorroïdes…
Ces informations vous sont données à titre indicatif, mais documentez-vous bien avant d’utiliser une plante en guise de médicament !
Convertir sa haie déjà existante en haie productive.
Il est tout à fait possible d’ajouter des végétaux au pied de votre haie existante si l’exposition le permet et si la haie déjà en place n’est pas encore trop imposante.
Pensez simplement creuser un gros trou pour déranger les racines de la haie et permettre aux nouveaux végétaux de se faire une place. Il est ainsi possible d’installer des lianes fruitières, vignes, kiwi, kiwaï, ou des petits fruits en avant-plan de la haie.
Pour les lianes, le problème va se poser au moment de la taille de la haie : n’ayez pas peur de les détruire partiellement : ces dernières sont très vigoureuses et repartiront de plus belle.
Elles supportent tout à fait les grosses tailles, elles repartent même après une taille à ras du sol ! L’inconvénient est que vous obtiendrez une production plus ou moins en dents-de-scie…
Cette méthode n’est pas aussi poétique que la création d’un jardin-forêt ou d’un verger multi-étagé, mais elle vous permettra quand même d’avoir d’augmenter vos récoltes.
Si vous souhaitez un peu de lecture supplémentaire après ce dossier, nous vous recommandons le livre de notre partenaire Terre Vivante ‘Ma haie, refuge de biodiversité’. Vous y trouverez de nombreuses informations complémentaires ! Cliquez ici pour le commander.
La plantation de la haie.
Si les végétaux que vous allez installer sont à croissance lente, vous pouvez en placer un tous les 80 cm à 1 m. Ainsi, l’effet brise-vue sera plus rapidement atteint : les végétaux vont vite se rejoindre et monter en hauteur. Ils risquent de s’entremêler, mais ça n’est absolument pas grave. Si les végétaux sont plutôt à croissance rapide, comme les eleagnus, vous pouvez imaginer en installer un tous les 1,5 m, afin d’économiser un peu sur le prix des plants.
Pensez bien à la vigueur des végétaux que vous installez côte à côte. En plaçant un eleagnus, à croissance rapide, avec un feijoa, à croissance lente, le premier risque de gêner fortement le second. Le risque est que les végétaux à croissance rapide étouffent ceux à croissance lente. Réfléchissez donc bien à l’implantation des végétaux.
Vous voyez donc maintenant qu’il est possible de réaliser une haie fruitière et persistante 🙂
La liste des végétaux fournie n’est pas exhaustive, vous en trouverez certainement d’autres comme le sapotier, le laurier noble (pour ses feuilles) ou encore l’olivier (certaines variétés sont très rustiques, jusqu’à – 20 degrés). Parmi tous ces végétaux, nos deux favoris sont l’arbousier et les eleagnus, qui s’adaptent quasiment dans tous les climats et les types de sols. Mais également les agrumes ! Bien que ces derniers coûtent très cher encore à l’heure actuelle, car très recherchés. N’hésitez donc pas à les cultiver chez vous !
Créer une vraie haie fruitière et la rendre persistante
Vous pourriez également, et c’est selon nous une très bonne solution, planter une vraie haie fruitière avec des végétaux non-persistants. Au bout de quelques années, vous pourrez alors y faire pousser des végétaux persistants aux pieds, entre chaque arbre. Nous avons par exemple installé une haie de laurier tin entre une haie de noyers. Les lauriers tin cacheront la vue entre les noyers, et si on garde la haie de laurier bien fine, cela ne nous gênera pas trop pour récolter les noix. On en perdra une infime partie dans la haie. Tous les 2/3 ans, on pourra rabattre la haie à 1,50/1,80 m et l’amincir mais plutôt tous les ans.
Maintenant que vous savez comment créer une haie persistante et fruitière pour votre jardin en permaculture, n’hésitez pas à poser vos questions en commentaire, ou découvrir de nouveaux articles !
Merci pour ce bel article, pour le site, pour la revue ….. suis fan de tout, bravo pour ce travail !! Je me régale à chaque fois !
Merci à vous pour ce retour ! Belle journée à vous 🙂
Bonjour, je me demandais ce que vous conseillez comme plant fruitiers pour une haie dans la zone 9 et +. Je vis dans une zone très très pluvieuse, et au climat doux avec rarement de gel.
Merci beaucoup d’avance
Bonjour, je commence à collecter des infos pour faire une haie mixte de persistants et d’arbustes fruitiers pour lier l’utile à l’agréable. Votre article est formidable et je n’en ai pas trouvé de meilleur sur le net pour l’instant. Bref, merci pour tous ces conseils précieux.
Merci pour ce retour Pierre-Louis !
Bonjour,
Comment conseillez vous de tailler cette haie? Merci
Bonjour Lucie 🙂 elle se taille de la même manière qu’une haie classique : comme on le souhaite ! Néanmoins selon la sévérité de la taille , on pourra s’attendre à une baisse de fructification chez certaines espèces
Je cherche à créer une haie brise vent et fruitière pas trop haute car j’ai une belle vue max 3m de hauteur mais j’ai une belle longueur. au nord en montagne à 800m d altitude fruitière pour nous et pour les oiseaux je ne sais pas quoi planter. Pouvez-vous m aider svp
Je vais cet automne planter une haie que je souhaite pas très haute ( max 1,5m ) et pas très large ( max 0,7 m ).
J’aimerai une haie si possible fleurie , pour les abeilles avec feuillage persistant et pourquoi pas fructifère .
J’ habite dans une région ou les températures peuvent exceptionnellement descendre à – 10°
Que me conseillez vous
Bonjour,
Savez-vous si les chevreuils mangent les haies de arbousiers et eleagnus ?
Merci
C’est une très bonne question ! Je pense que c’est possible mais pas leur nourriture de prédilection.
les rats taupiers ont dévoré les racines de 11 éléagnus dans mon jardin. magnifiques arbustes plantés il y a 7 ans.
Je vais cet automne planter une haie, hauteur 2 -3 m et pas très large ( max 0,7 m ).
J’aimerais une haie si possible fleurie , pour les oiseaux, abeilles, etc. avec feuillage persistant et pourquoi pas fructifère .
J’ habite dans une région ou les températures peuvent exceptionnellement descendre à – 10°
Que me conseillez vous ?
Bonjour,
Tournez vous vers les eleagnus, le laurier tin, l’arbousier… 🙂