Que vous ayez un très grand jardin ou une simple terrasse, les arbres fruitiers sont une façon efficace de diversifier les productions au jardin. Les fruitiers nains conservent une petite taille, un atout donc pour les petites surfaces. Mais pas que ! Ils permettent aussi de récolter à hauteur d’homme, ce qui n’est pas sans intérêt… Partons ensemble à la découverte des portes greffes nanifiants et leur utilisation au verger.
Sommaire
À chacun sa taille
Il existe des arbres fruitiers de toutes les tailles. Selon la dimension de votre jardin, vous pouvez donc trouver des arbres adaptés. On considère qu’il existe cinq tailles différentes de fruitiers lorsque l’on se rend chez un pépiniériste. Les arbres de haute tige ou de plein vent, les demi-tige, les basses tiges, les nains et les colonnaires. Nous allons nous pencher sur les deux derniers, particulièrement intéressants pour les petits espaces. Les arbres nains ne dépassent généralement pas un mètre cinquante de haut. Ils ne produisent pas pour autant des fruits plus petits. Frédéric Dannequin est président de l’Association des Croqueurs de pommes de la Marne. Nous sommes allés voir ses confrères de Corrèze l’année dernière qui nous avaient expliqué la greffe en écusson d’été (voir article).
Cette année, c’est sur ces petits arbres fruitiers que nous les avons sollicités. Dans son verger, une centaine de variétés de pommes se côtoient. Parmi elles, on retrouve une cinquantaine de fruitiers nains.
Tout dans le porte greffe
Les arbres fruitiers que vous achetez sont systématiquement greffés. Cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le porte greffe permet de donner de nouvelles caractéristiques au fruitier. Production plus rapide, résistance aux maladies, précocité … et dimensions de l’arbre. C’est donc les caractéristiques du porte greffe qui vont déterminer la taille finale de l’arbre. Pour les arbres nains, les portes greffes sont issus de croisements récents sélectionnant le gène nanifiant. On retrouve par exemple le M27 ou le M9 comme porte-greffe ayant ces caractéristiques pour les pommiers par exemple. Sur ce porte greffe, le greffon déterminera les fruits que l’arbre portera. “Pour les portes greffes nanifiants, on retrouve toutes les variétés nouvelles, celles qui ont moins de cinquante ans d’âge” affirme Frédéric Dannequin. Il cite par exemple “la variété Corail d’adapte très bien aux arbres nanifiants » pour les pommiers.
Pour en savoir plus sur les portes greffes, n’hésitez pas à aller faire un tour sur cet article qui y est dédié !
Un large choix de porte greffe
Théoriquement, ce porte-greffe limitera la croissance finale de l’arbre à environ un mètre cinquante. Pour des pommiers de basse tiges qui font 2 à 4 mètres de haut, il faudra sélectionner un porte greffe plus vigoureux comme le M106. Si les pépiniéristes font bien leur travail, le nom du porte-greffe doit être indiqué si vous achetez un arbre. Lydie de la chaîne Youtube du Jardin Zen Home s’est confrontée à ce problème. Elle habite dans la Sarthe, et possède un petit jardin d’environ 950m2. Lydie a décidé de densifier ses productions en installant des fruitiers nains chez elle. La jardinière a notamment planté les variétés un prunier ‘persica Bonanza’, un figuier ‘carica noir de carron’ et un grenadier ‘prunita granata nana’. Lors de l’achat en jardinerie, impossible de connaître les portes-greffes.
Autre chose importante sur les fruitiers nains : ne jamais enterrer le point de greffe. Sans quoi, le greffon pourrait mourir et le porte greffe reprendrait le dessus. Pour y pallier, ils sont généralement greffés à 50 cm du sol pour éviter ce risque.
Le cas de colonnaires
Vous avez peut-être déjà remarqué ces arbres qui poussent sur une seule tige et ne s’élèvent pas plus haut qu’un mètre cinquante. Les fruits apparaissent directement à la base de la tige principale. Un gain de place considérable pour les petits espaces. Ces arbres ne sont pas des OGM ni une modification volontaire de la génétique du fruitier. Un arbre colonnaire est en fait dû à une malformation qui a été sélectionnée. Il s’agit d’une anomalie du gène Co du chromosome 10 de l’arbre. Cela a pour résultat d’entraîner une pousse sur une tige, dépourvue de coursonne (branche latérale). Cette sélection s’est faite à partir d’un pommier Wijcik McIntosh apparu en 1960 au Canada. Depuis, la sélection a été étendue et on retrouve des portes greffes colonnaires pour d’autres fruits comme les pêchers ou les poiriers.
Dans son petit jardin, Lydie a fait l’expérience en installant un haie de fruitiers colonnaires en bord de terrasse. “J’ai planté deux pruniers et quatre pommiers colonnaires en 2017. Les pommiers sont très productifs mais pour le moment pas de récoltes sur les pruniers.” Ces derniers sont sensibles au gel et les températures ces dernières années au printemps ne convenaient pas. “Pour les pommiers, j’ai les variétés Azay-le- rideau, Cheverny, Chinon et Villandry et pour les prunier, j’ai Atlanta et Toronto. (pépinières Delbard).” Plantés tous les 60 cm, ces pommiers offrent en moyenne 4 kg de fruits par arbre chaque année.
Des récoltes au rendez-vous
Malgré leur petite taille, colonnaires et fruitiers nains offrent des rendements intéressants. “Il y a beaucoup moins de production sur un petit arbre mais avec un pommier nain greffé, on peut tout de même récolter entre 30 et 50 kg de fruits” affirme Frédéric Dannequin.
De son côté, Lydie a aussi installé des fruitiers nains en pot. La place dans le jardin étant restreinte, elle a décidé avec son mari d’investir la terrasse. Elle a installé récemment un pêcher, un grenadier et un figuier dans de gros pots. Pour elle, le calcul reste intéressant. “Quand on a un petit jardin, on essaie d’optimiser la place. Sur le pêcher, on a récolté l’équivalent d’une palmette donc environ 4kg de fruits en 2020” confie-t-elle. Elle ajoute “ le figuier qu’on a planté est bifère, on a donc deux récoltes tous les ans. On ramasse de quoi faire deux tartes à chaque fois, mais c’est toujours sympa !” Comme le montre Lydie, vous ne serez pas autonome en fruits à l’année avec trois fruitiers nains, mais c’est déjà la promesse de quelques tartes et gâteaux aux fruits du jardin pour ceux qui ne possèdent qu’un jardinet ou un balcon. Un autre avantage de ces fruitiers nains : ils produisent généralement assez rapidement. En plantant les arbres au bon moment, il est même possible de récolter dès l’année de plantation.
“J’ai planté les pommiers en 2017 et ils ont produit dès la première année” raconte Lydie. Ces arbres peuvent donc produire très rapidement des fruits. Autre caractéristique, les variétés greffées sur porte-greffe nains sont généralement des variétés précoces. Cela permet, si les conditions météo sont favorables, de récolter des fruits très tôt dans la saison. Les récoltes issues de ces arbres peuvent donc donner les premiers fruits de l’année avant que les plus grands arbres prennent le relais. Cela dit vous avez aussi des variétés qui se récoltent aux périodes habituelles. Par exemple, le pommier colonnaire Azay-le-Rideau se récolte fin septembre.
Vous avez dit palmette ?
La taille s’impose-t-elle aux petites tailles? C’est une question que j’ai pu poser aux possesseurs de ces modèles réduits. Le porte-greffe M9 fait partie des très nanifiants chez les pommiers. Frédéric Dannequin procède à une taille en espalier ou en palmette pour la plupart de ses pommiers nains. Il explique qu’il procède avec “une première taille en hiver puis une taille en vert par pinçage au début et au cours de l’été. Plus les fruits sont proches du tronc, mieux ils grossissent et mûrissent.” Il précise aussi que “les pommes apparaissent sur les nouvelles tiges donc sans taille, elles s’éloignent du tronc d’année en année.” La taille permet donc de conserver un arbre compact, et surtout productif !
De son côté Lydie ne taille presque pas. “Pour les colonnaires, ce n’est pas nécessaire. En revanche, sur le figuier je lui enlève les branches trop basses, mais c’est plus une question esthétique de la forme de l’arbre.” Si vous êtes familiers à la taille, vous pouvez vous orienter vers un arbre en palmettes qui sera plus productif. Le croqueur de pommes rassure tout de même “un pommier greffé sur M9 monte à 1m50 – 2m environ, il peut tout à fait être laissé naturel. En comptant 3 mètres entre chaque arbre, pas de soucis de taille!” Taille ou non, c’est à chacun de décider
selon les besoins, la place disponible et le temps à consacrer !
Des fruitiers en pots ?
Comme l’expérimente Lydie, c’est tout à fait possible de conserver ces fruitiers nains en pot. Elle explique sa démarche “avec des fruitiers en pot, on n’est pas autonome, mais ça permet déjà de produire quelques-uns de nos aliments même sur la terrasse.” Que ce soit les colonnaires ou des arbres sur porte-greffe nanifiants, ils ne produiront que si fertilité et arrosage sont au rendez-vous. En pot en effet, la terre a tendance à sécher très rapidement en été. Il faudra donc avoir la
possibilité d’arroser régulièrement si vous gardez ces arbres en pot.
“Un arbre greffé sur MM9 ou MM106 pourra rester en pot 5 ou 6 ans sans problème, mais il aura plus de mal à fructifier. Je les mets en pots de 30 L, noir de préférence pour le réchauffement racinaire. Il faut arroser régulièrement. Je paille ou je mets des copeaux à la surface des pots pour éviter le dessèchement.” Pour continuer à fructifier, les arbres en pot devront donc être fertilisés très régulièrement.
Augmentation des récoltes et agroforesterie
Les arbres nains, de par leur petite taille, permettent de densifier les cultures. L’agroforesterie revient à cultiver des plantes annuelles sous le houppier du verger. En été, l’ombre salvatrice protège les légumes des rayons de soleil. En automne, une fois les feuilles tombées, les cultures (comme la mâche par exemple) pourront s’enchaîner au pied des arbres. Ce type d’association se déroule très bien dans des petits espaces si on est bien organisé. Idem pour la fertilisation, produire des fruits nécessite une terre riche, humide et fertile. La jardinière a bien compris que ses protégés étaient des gourmands. “Je leur mets du sang séché et parfois du purin d’ortie. Je fais selon les besoins de l’arbre, mais en été il ne faut pas hésiter à fertiliser régulièrement pour pallier au lessivage des nutriments.” Frédéric conserve quelques fruitiers en pot, mais pour lui, c’est plus raisonnable de les planter au bout de quelques années.
Le croqueur de pommes recommande tout de même des demi-tiges pour des cultures associées “Les arbres greffés sur MM9 et MM106 ont les premières branches à 50 cm, c’est difficile de jardiner en dessous.” Pour y pallier, vous pouvez tout à fait tailler les branches basses, mais les rendements diminuent aussi. C’est donc avant tout une histoire de confort, mais dans un potager, c’est tout à fait possible de planter des arbres nains. Certaines cultures, comme les courges par exemple, se plaisent particulièrement dans cet environnement. Dans ce type de culture, il faut cependant faire attention à la concurrence racinaire. Les fruitiers ont tendance à pomper une grosse partie de l’eau disponible en faible profondeur. Il faudra donc arroser en conséquence pour récolter de bonnes quantités de fruits et légumes.
La chaîne Casdar Smart recense l’expérience de maraîchers qui se sont lancés en
agroforesterie :
Les limites des fruitiers nains
Si ces arbres modèles réduits font rêver, ils ne sont pas non plus parfaits. Tout d’abord, les variétés se greffant sur un porte-greffe nain sont limitées. Frédéric Dannequin explique : “ les variétés anciennes ont été adaptées aux arbres demi-tige ou pleine tige J’ai déjà essayé d’en greffer sur nanifiant, mais ce n’était pas une réussite.” Sa spécialité étant les pommiers, il conseille notamment la variété ‘Reine des reinettes’. “Elle pollinise tous les autres et c’est une pomme très satisfaisante en goût”.
Des arbres sensibles au froid
Autre souci et avantage : les variétés disponibles ont tendance à avoir une floraison précoce. Si des gels tardifs surviennent au cours du printemps, les fleurs risquent de geler. Pour des abricotiers par exemple, ils auront du mal à fructifier tous les ans dans la moitié nord de la France. Frédéric l’a remarqué sur ses abricotiers et pêchers notamment. Installés dans la Marne, ces fruitiers sont sensibles au froid. “J’ai deux pêchers en serre et je suis en train de construire une nouvelle serre pour y mettre pêchers et abricotiers. Ce sont des arbres qui gèlent chez nous presque tous les ans au mois d’avril, alors qu’en serre, on a une production.” Une solution donc pour ceux qui ont de la place dans leur serre. Pour en planter tout de même, vous pouvez les protéger pour les quelques nuits où les gelées sont à craindre.
Un voile d’hivernation doublé permet dans la plupart des cas d’éviter le gel fatal.
Concernant la longévité, ces arbres nains vivent moins longtemps que des arbres de plein vent. On considère tout de même que ces arbres peuvent fructifier jusqu’à 50 ans avant de perdre en vigueur. Dans les faits, au bout de 20 ans, on note une diminution de la production. Sur la durée de la vie du jardinier, c’est déjà très bien !
Un coût à prendre en compte
Enfin, le prix peut décourager d’investir dans ces arbres aux caractéristiques intéressantes. En moyenne, un fruitier nain ou colonnaire coûte entre 30 et 80€. Une somme en comparaison à des fruitiers demi-tige achetés une quinzaine d’euros en racines nues. En revanche, les nains conviennent à de petits jardins où de tels arbres ne tiendraient pas. Un prix donc élevé, mais qui offre de nouvelles possibilités.
Une attention particulière
Au-delà de ces limites, certaines précautions sont à prendre avec ces arbres, notamment concernant l’entretien. Les fruitiers nains ont des racines superficielles. Ils sont donc beaucoup plus sensibles au manque d’eau, aux gelées et au manque de fertilité. En hiver, un épais paillage permet de protéger les racines du gel. En été, c’est sur les arrosages et la fertilisation qu’il faudra être vigilant. Pas de panique non plus, ce sont des petits arbres, le temps passé dessus reste donc limité et ils ne demandent pas forcément plus de temps qu’un fruitier de grande taille. Si vous cultivez des légumes autour, ils profiteront des arrosages offerts aux potagères.
Pour offrir quelques récoltes supplémentaires, les fruitiers nains et colonnaires ont très intéressants. Ils permettent de produire des fruits dans de tout petits espaces, voire sur des balcons. Nains ou colonnaires, ce sont de petits arbres esthétiques qui sauront habiller votre jardin ou potager. En leur assurant des conditions idéales, ils vous offriront des récoltes tous les ans.
J’espère que cet article vous a plu, il est extrait du n°16 de notre revue. Abonnez-vous si vous souhaitez recevoir davantage d’articles ce type avec des retours d’expériences 🙂
Merci pour cet article très interessant ! J’ai greffé plusieurs dizaines d’arbre sur mon terrain en jouant sur le portegreffe en jouant sur la compatibilité avec mon sol, l’aspect nanisant que je souhaite donner etc.. mais n’ai jamais eu l’occasion de tester des fruitiers colonnaires.
L’aspect colonnaire est-il donné par le porte greffe ou le greffon ? J’imagine ce dernier.
Avez-vous des liens vers des pépinières qui proposerait des variétés interessantes à des prix décents ? J’ai vu quelques exemples à + de 50€ ce qui me semble extrêmement cher
Merci encore !
Bonjour Aurélien,
L’aspect colonnaire de l’arbre vient essentiellement du porte-greffe ! Cependant, les variétés anciennes sont rarement greffables sur un porte-greffe colonnaire. Les arbres colonnaires sont de nouvelles obtentions et les variétés anciennes sont généralement trop poussantes. L’aspect colonnaire vient donc surtout du porte greffe, (Wijcik McIntosh pour les pommiers par exemple) mais sa réussite dépendra du greffon! Ça peut paraître un peu compliqué, mais il faut juste trouver les variétés adaptées.
Les arbres colonnaires sont encore cultivés par peu de pépinières, ce qui explique le coût élevé de ces arbres. La pépinière Delbard a en ce moment des arbres en promotion pour environ 30 euros pas plant, par lot de trois. Vous pouvez en trouver autour du même prix chez Graines Baumaux qui en a quelques-uns en stock. Si vous cherchez les moins chers possibles, il y en a aussi sur Leaderplant. D’expérience, les plants sont souvent petits et plus fragiles, il faudra donc bien s’en occuper un an ou deux avant de les laisser se débrouiller. Mais ils restent des arbres et en le bichonnant, vous obtiendrez de beaux sujets.
N’hésitez pas à chercher un peu à droite à gauche dans les pépinières autour de chez vous, mais il est vrai qu’à l’achat ces arbres sont souvent bien plus chers que des fruitiers classiques.
En espérant avoir répondu à votre question et que vous trouviez votre bonheur,
Bonnes recherches,
JB
Personnellement, j’ai testé cerisier nain il y a quelques années et je suis très déçu : pour un investissement initial de 80€ environ, je n’ai pratiquement pas récolté de fruits depuis que je l’ai
Bonjour
merci pour cet article. J’ai 2 arbres nains dont un pommier depuis 20 ans. La production est excellente une année sur 2 si le carpocapse ne s’en mêle pas trop. Sinon compote.Mon voisin possède plusieurs pommiers « qu’il laisse vivre » et donc un bon refuge pour ce prédateur.
J’ai aussi un figuier Ice Crystal qui végète depuis 2 ans. Apport de compost maison, corne n’ont rien changé.
Un tableau avec les différents variétés disponibles avec « les meilleures en exergue » aurait aider à faire son choix dans les propositions de pépiniéristes ou de jardineries.
Merci et continué comme çà.
Pépé.