Dans ce dossier, nous abordons les associations de cultures au potager. Oubliez les tableaux que l’on trouve sur le net : ils sont remplis de contradictions et nous compliquent plus la vie qu’autre chose. Découvrez donc notre méthode pour réussir vos associations au potager 😉
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Les associations au potager sont donc des plantes que l’on fait pousser ensemble pour créer des synergies. Il existe deux grands types d’associations : celles « gain de place » et celles allélopathiques.
Sommaire
Les associations de cultures au potager dites allélopathiques
Le principe est d’associer des plantes qui ont une action l’une sur l’autre. On dit par exemple que l’oignon associé à la carotte permettrait d’éloigner certains ravageurs des deux cultures.
Sur le papier, ce genre d’association est très intéressant. En pratique en revanche, il est difficile de prouver leur véracité. En effet, un certain nombre de recherches ont été réalisées dans le domaine, avec de nombreux résultats. Le problème est que ces résultats ont pour l’instant été prouvés en laboratoire. Ils ne sont pas toujours applicables en réalité.
De plus, bien que certaines de ces conclusions aient pu être vérifiées en réalité, elles ne donnent pas forcément les mêmes résultats selon les types de sols, les conditions de cultures, la pression des maladies, etc. La diversité de situations présentes dans la nature est telle qu’il est parfois impossible d’affirmer que telle ou telle association produit un effet, bénéfique ou néfaste.
Voilà pourquoi nous avons abandonné cette méthode pourtant mise en avant sur tous les tableaux de bonnes et de mauvaises associations au potager. Nous ne faisons plus que des associations gain de place.
Les associations gain de place au potager
Le principe est d’associer des plantes au port plus ou moins haut pour maximiser la photosynthèse sur une surface donnée en jouant sur les étages de végétation. Il est aussi possible de maximiser la photosynthèse en cultivant des plantes au cycle court avec des plantes au cycle long.
Néanmoins, ces associations sont parfois difficiles à mettre en place, car elles peuvent demander beaucoup d’organisation en amont. En effet, il est nécessaire de gérer la production de plants pour avoir un bon timing. Il ne s’agit pas toujours de jeter un mélange de graine et de récolter une abondance de légumes ! Même si ces mélanges existent comme l’association carotte-laitue-radis.
Prenons l’exemple de la milpa, une association emblématique originaire d’Amérique Centrale consistant à cultiver sur la même surface maïs, courges et haricots.
Dans cette association, les haricots se servent du maïs comme tuteur, le couple maïs-haricot fait de l’ombre aux courges et ces dernières couvrent le sol pour empêcher la pousse des adventices. Malheureusement, semer les trois en même temps ne permet pas de profiter de cette super association : le maïs ne croît pas suffisamment rapidement par rapport aux haricots, qui se retrouvent en manque de tuteurs. Il faut alors semer le maïs et attendre un mois avant de venir semer les haricots pour qu’ils ne gênent pas le maïs. Il faudra aussi, si la parcelle est grande, choisir des maïs à farine, car les maïs doux se récoltent immatures et il est difficile d’accéder à la zone de culture quand les courges couvrent la totalité du sol.
Nous pourrions aussi citer l’association ail/mâche qui permet de récolter de la verdure tout l’hiver pendant que l’ail croît tranquillement. Pour cette association, nous vous conseillons de planter des plants de mâche en même temps que vous plantez nos caïeux d’ail. Les plants auront donc dû être préparés quelques semaines en avance, afin d’être dans le bon timing. En effet, si vous semez de la mâche en novembre en extérieur, vous risquez de ne pas récolter grand-chose selon votre climat.
Ce sont des exemples, et comme il n’existe pas de vérité générale autour des associations au potager, ces exemples peuvent néanmoins fonctionner ailleurs que chez nous : dans le sud, on peut certainement semer de la mâche en novembre par exemple.
Ce que nous vous conseillons donc, pour vos associations de cultures, c’est de vous détacher des livres traitant de cela et de les imaginer par vous-même en réfléchissant à la place future que prendra chaque plante lorsqu’elle sera développée. On suivra alors une règle générale : maximiser la photosynthèse.
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À la fin de ce cours, vous aurez toutes les cartes en main pour enfin créer un potager qui vous ressemble, avec des pratiques durables et efficaces !
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Une règle générale pour réussir ses associations : maximiser la photosynthèse
Puisque les effets des associations sont imprévisibles et très variables, nous vous conseillerions, pour vos associations, de retenir une règle générale : celle consistant à maximiser la photosynthèse. On cherchera alors à occuper toute la surface disponible avec des feuilles, situées à différents étages. Reprenons l’exemple de la milpa : en mélangeant ces trois plantes, la totalité de la surface de culture est recouverte par des feuilles : au sol, les courges, en l’air, les haricots et le maïs.
La production est donc proche de son maximum
Dans une association où l’on mettrait du basilic au pied des tomates, le basilic finirait de capter les rayons solaires avant que ceux-ci ne touchent le sol et ne soient « perdus ».
Cette maximisation se joue également dans le temps. Par exemple, lorsque vous plantez vos pieds de tomates en mai, pourquoi ne pas réaliser un ou deux cycles de radis avant que vos tomates ne prennent toute la place ? Vous aurez ainsi maximisé l’utilisation des rayons du soleil sur cette surface.
Aller plus loin : les associations de la tomate au potager
La photosynthèse comme repère pour les associations de cultures au potager ?
Les plantes utilisent l’énergie de la lumière pour séparer l’eau (H²O) en oxygène et en hydrogène. L’hydrogène, mélangé au carbone capté dans l’atmosphère, produit des sucres simples et donc de la matière. L’oxygène restant seul est rejeté dans l’atmosphère durant le processus. Les plantes sont alors des filtres capables de nettoyer l’air.
Ainsi, il nous paraît plus pertinent de se diriger vers des associations gain de place, qui semblent plus pragmatiques. C’est en partie grâce à ce type d’association que l’on peut produire plusieurs kilos de légumes par mètre carré, et par an.
Quelques associations de cultures gain de place à faire au potager :
🌱 carotte-poireau
🌱 chou-carotte-radis
🌱 blette-mâche
🌱 courge palissée-laitue
🌱 courgette-maïs
🌱 panais-fèves
🌱 laitue-radis
🌱 ail-mâche
🌱 maïs-radis/betterave/carotte/etc
🌱 pois à rames-laitue
Sans plus attendre, passons maintenant aux 14 conseils pour réussir vos associations au potager.
14 conseils pour réussir vos associations de cultures au potager
Nous vous donnons ici quatorze conseils à mettre en pratique dans votre jardin potager afin de mieux réussir vos associations de culture. Suivez le guide, et n’hésitez pas à nous partager vos techniques personnelles. 😉
Trop d’associations de cultures tue l’association !
Si vous le pouvez, simplifiez-vous la vie et ne dépassez pas trois plantes dans vos associations. Cela permet de faciliter les interventions, c’est-à-dire les récoltes, désherbage, etc. Il est possible d’en rajouter, mais cela peut devenir un peu complexe. Préférez créer une nouvelle association, sur la même planche, avec des plantes différentes. Il est tout de même possible de rajouter quelques graines de plantes mellifères sur vos rangs par exemple. Ou laisser quelques plantes sauvages se développer.
Vous pouvez aussi envisager les associations au potager en faisant des successions culturales : une plante à cycle long peut voir plusieurs plantes à cycle court se succéder à ses pieds. On pourra, par exemple, semer des radis suite à la plantation des tomates. Quand ils sont récoltés, on enchaîne avec du basilic. Et au mois de septembre, on vient couper le basilic et on installe des navets, des laitues ou autre.
Gérez votre fertilité en bonne intelligence
Il est évident qu’en cultivant plus de plantes dans un même espace, votre sol aura besoin de plus de nutriments pour produire. Essayez d’ajouter du compost ou un paillage à votre sol chaque année afin de nourrir vos légumes. Un sol déjà fertile nécessite 1 kg de compost mûr par an et par mètre carré.
Cette quantité dépend des légumes, certains étant plus gourmands que d’autres. Il s’agit simplement d’une indication : adaptez les doses selon votre ressenti, que rien ne remplace.
Cultivez en rangs d’oignon pour simplifier vos associations de cultures au potager
Cultiver en lignes droites ?! En permaculture où l’on recherche à imiter la nature ? Oui ! Du moins, c’est notre conseil. Chacun fait comme il le désire, mais planter/semer en rang représente un gain de temps considérable.
Vous repérez les espèces plus facilement à la germination. Les distances entre les plantes associées sont plus faciles à calculer. Les récoltes sont plus aisées, les zones de cultures sont plus accessibles. Le désherbage est plus rapide, l’irrigation est plus aisée, etc. Et puis, rien n’empêche de mélanger les cultures sur le rang.
On peut tout de même faire un mélange des techniques, la diversité est la clé de réussite d’un potager biologique.
Les légumineuses, garantes de la fertilité
Il est très utile d’installer dans vos associations au potager des plantes qui fixent l’azote atmosphérique. Ce sont les légumineuses.
En mourant, ces plantes vont libérer de l’azote dans le sol, aidant les futures cultures à bien se développer. Les pois, haricots, et fèves sont les trois cultures potagères principales qui remplissent cette fonction. Si vous le pouvez, installez-en dans vos associations, cela ne fera que du bien à votre sol. Pensez également aux pois chiches que nous cultivons ; ils produisent très bien et sont assez faciles à récolter.
Les associations de cultures au potager ne sont pas une obligation
Associer ses cultures est une pratique intéressante lorsqu’elle est sensée. En effet, ce n’est pas une condition sine qua non de la réussite de vos cultures… Les associations de culture, comme toutes les pratiques, doivent être réfléchies ou pertinentes. Du moins acceptées et comprises par le jardinier : n’allez pas vous sentir coupable de faire 20m² de pommes de terre sans y glisser une culture associée. Si vous ne cherchez pas absolument à optimiser l’espace dans votre potager, inutile de vous casser la tête à chercher une manière d’associer tous vos légumes…
Faites comme bon vous semble, toutes les pratiques sont bonnes tant que l’on n’utilise pas de produits de synthèse, et que l’on ne retourne pas le sol à outrance sans justification…
En parlant de sol, celui-ci doit être couvert
Le sol… Celui-ci doit être couvert le plus possible durant l’année. Cela lui permet d’être plus vivant, de conserver sa fraîcheur et sa disponibilité en éléments nutritifs.
Pour conserver votre sol couvert, remplissez-le de cultures nourricières ! Et, à défaut d’ensemencer toutes vos zones de culture, n’hésitez pas à ajouter un paillage quelconque si vous en avez. Néanmoins, l’avantage d’une couverture vivante est qu’elle est beaucoup plus productive qu’un potager paillé. Ainsi, ne vous dirigez pas systématiquement vers du paillage pour couvrir le sol. Un bon compost déposé sur les planches, et ces mêmes planches ensemencées rapidement vous offriront plus de récolte.
Les rotations : simplifiez-vous la vie grâce aux associations au potager
Il faut éviter, dans la mesure du possible, de faire se succéder plusieurs fois les mêmes espèces sur la même zone de culture. C’est ce qu’on appelle la rotation des cultures. Vos associations au potager réussiront mieux ainsi.
Cela dit, si vous n’êtes jamais sujets aux maladies et que vous nourrissez convenablement votre sol, la rotation des cultures n’est pas une obligation. Car en faisant des associations, vous variez les types de racines, les types de besoins en minéraux…
Des plants plutôt que des semis pour réussir ses associations de culture ?
Il est souvent utile de partir de plants, surtout pour les petits potagers. Vous gagnez plusieurs semaines d’occupation du sol. Et en repiquant le plus de légumes possible, vous optimisez votre sol : le nombre de légumes récoltés sur la même zone sera en effet plus élevé que si vous aviez dû tout semer directement en terre… C’est grâce à cette méthode que vous pourrez espérer, à terme, récolter plusieurs kilos de légumes au mètre carré par an, si la fertilité de votre sol le permet.
Les parties aériennes : augmenter la production au potager
Associez des légumes qui poussent en hauteur avec un ou plusieurs légumes bas. Cela permet d’optimiser l’utilisation de l’espace. L’association emblématique des courges avec le maïs (et les haricots!) prend alors tout son sens. Prenez pour habitude de penser ainsi : les rayons solaires ne doivent pas atteindre le sol sans avoir été captés par une feuille. Dans la mesure du possible bien sûr, mais c’est une bonne direction dans laquelle regarder.
Pensez aux densités
Plus vos légumes seront serrés, plus les calibres s’en ressentiront : une patate douce peut faire entre 150 grammes et …10 kilos. Pour une laitue, cela peut ne pas être un problème. Mais imaginez récolter de toutes petites betteraves ou carottes : c’est plus de travail en cuisine. Vous devez tenir compte de cela lorsque vous associez plusieurs cultures.
Les petites carottes peuvent être cuites entières : c’est un vrai délice !
Un moyen de serrer ses cultures sans pour autant récolter des mini-légumes est de fertiliser les cultures. Vous pouvez utiliser du compost ou des engrais biologiques comme les fientes de poules, le sang et la corne séchés, la cendre… Nous avons déjà pu observer sur une ferme un rendement de carottes de… 14 kilos au mètre carré ! Et cela uniquement avec du compost en grande quantité (environ 10 cm d’épaisseur).
L’organisation spatiale
Sur votre surface de culture, installez les végétaux de petite taille et ceux dont le cycle de culture est court sur les côtés. Les végétaux qui montent en hauteur, ou ceux dont le cycle de culture est long iront au centre de la zone de culture.
Cette façon de procéder est la plus simple. Elle vous permet de ne pas avoir à enjamber des choux (ou pire, des pois palissés) pour récolter des laitues que l’on aurait plantées au centre. Cela permet aussi d’optimiser la disponibilité de la lumière sur la zone de culture, notamment si les planches sont orientées sur l’axe nord-sud.
Aller plus loin : les associations de la laitue au potager
Associez des légumes de familles et de types différents
Jouer sur les différents types de légumes (racines, feuilles ou fruits) et familles est intéressant. Car toutes les familles et tous légumes ne sont pas sensibles aux mêmes agresseurs. Et n’ont souvent pas les mêmes besoins (s’exerce alors moins de concurrence).
Vous pouvez tout de même associer des légumes de même type, c’est parfois plus simple : n’oubliez pas que la règle d’or pour les associations est de « ne pas se compliquer la vie ! ».
Évitez les plantes « envahissantes » dans vos associations au potager
Ces plantes dépasseront les autres et offriront un peu d’ombre dans un potager en plein soleil. Mais parfois, c’est une catastrophe 🙂
Sur la photo, des haricots nains à gauche et des courges à droite : un échec. Il a fallu tailler plusieurs fois les courges, ce qui a induit une perte de temps et de production.
Imaginez vos propres associations au potager
Sentez-vous libre d’expérimenter. La phytosociologie et les influences négatives et positives entre les légumes en sont encore à leurs débuts. Ainsi, il reste beaucoup de choses à découvrir ! Par exemple, pourquoi ne pas associer plantes annuelles et plantes vivaces, ou uniquement des plantes vivaces ?! Une rhubarbe placée au pied d’un fruitier profitera du soleil en début de printemps tant que l’arbre n’a pas fait ses feuilles par exemple. Ou encore, des concombres grimperont aisément sur un fruitier.
Alors, lancez-vous, et bonnes expériences dans vos associations au potager 🙂
Génial cet article, j’ai prévu d’y travailler plus l’année prochaine. Je trouve que je perd trop de place. Il faut que j’optimise mieux. Je viens de tenter un semis à la volée de carottes/navets pour récolte fin d’automne.
bonne psychologie et physiologie du végétal et de l’être vivant
BONJOUR,
Je découvre votre site qui est géniale et très intéressant.
Bonne continuation.