Les premiers froids de l’automne arrivent. Au potager, les cultures d’été sont désormais presque toutes sèches. Il est temps de faire un peu de ménage pour préparer la saison prochaine. Gardez seulement en tête qu’il est bon de laisser quelques zones de « fouillis » : les brindilles mortes, adventices et autres herbes hautes permettront aux insectes, notamment auxiliaires, de passer l’hiver 😉
Nous avions d’ailleurs sorti un dossier sur la préparation de l’hiver pour la biodiversité. Un dossier pour aider nos amis menacés à passer la saison froide et retrouver un jardin plein de vie au printemps.
Sommaire
Récolter les derniers légumes
Bien que les premiers froids aient déjà touché les plantes, certaines continuent de mûrir. C’est notamment le cas des cultures sous la serre où, à la mi-novembre, on peut parfois encore récolter quelques poivrons, tomates et aubergines.
Pensez aussi à récolter vos légumes racines pour les stocker en silo, notamment si vous avez des problèmes de rongeurs au potager 😉
Si le sol est gelé, les récoltes deviennent aussi plus pénibles dans une terre dure comme du béton. Pour limiter ce problème, récoltez les légumes racines pour les stocker en silo. Un article très complet du numéro 15 de la revue vous donne toutes nos astuces pour concevoir un silo à légumes. Avec l’arrivée de l’hiver, on fait table rase sur le potager d’été afin de mieux préparer la saison prochaine.
Pensez également à récolter les dernières courges avant qu’elles ne pourrissent ! Un mois de septembre chaud et sec a surement entraîner la pousse de quelques fruits en arrière saison. Même si ces courges n’ont pas le pédoncule sec ou sont encore vertes, récoltez les !
Nourrissez votre sol
Apportez des paillages pour préparer l’hiver au potager
Le paillage, ce n’est pas que pour économiser de l’eau ! S’il est très utile en été pour maintenir le sol au frais, le paillage apparaît aussi comme une couverture pour l’hiver. Les poireaux, qui passent l’hiver dans le sol, apprécieront un paillage épais pour protéger leur pied. En apportant du paillage à l’automne, on évite que le sol se refroidisse trop rapidement dès les premières gelées. C’est à cette saison-ci que les paillages sont aussi disponibles en grande quantité. N’hésitez pas à ramasser les feuilles mortes et pour vous en servir comme couverture du sol.
Vous pouvez aussi utiliser vos déchets de cultures en paillage ainsi que vos diverses tailles en vert. Ne lésinez pas sur la quantité, toute cette matière va en partie se décomposer pendant l’hiver. Une partie des minéraux issus de cette décomposition seront ainsi disponibles dès le printemps prochain pour vos cultures.
Le paillage permet aussi d’éviter le lessivage avec les pluies automnales et hivernales. Il fait office de couette pour protéger toute l’activité organique du sol ! Faites attention tout de même, il a tendance parfois à tasser le sol, notamment les sols lourds. Mettez alors une épaisseur plus fine…
Aller plus loin : Faut-il pailler mon potager à l’automne ?
Le fumier au potager
Le fumier est un engrais très intéressant au potager. Ce n’est pas nouveau, nous le savons, nos anciens pratiquaient déjà cette méthode. Les fumiers de moutons, de vaches ou de chevaux sont très riches en minéraux pour les plantes potagères. Pour qu’ils soient assimilables par les plantes, ils doivent être en partie décomposés. Apportés frais au potager, ils risqueraient de brûler les jeunes racines de vos plants. En faisant cet apport à l’automne, les fumiers auront tout l’hiver pour se décomposer. Ils offrent un substrat riche pour vos futures cultures. Si vous ne possédez pas d’animaux herbivores, vous pouvez essayer de vous procurer du fumier chez les agriculteurs ou dans les centres équestres. Ces derniers sont souvent contents d’être débarrassés alors n’hésitez pas à demander !
Aller plus loin : le fumier au potager
Compostez vos restes de culture
Faites place nette au potager ! Une fois vos cultures fanées, coupez-les aux pieds afin de laisser le système racinaire sur le sol. Vous pouvez ensuite soit les composter en surface, soit les exporter vers un tas de compost. Sur place, les minéraux qu’ils ont pompés pour leur croissance finiront ainsi directement là où ils ont été puisés. Si vous faites cela, prenez le soin de les découper en morceaux pour accélérer la décomposition.
Ceci étant dit, sur certaines cultures comme les tomates par exemple, vous pouvez les composter en tas pour éviter la propagation de certaines maladies. Dans les faits, les champignons comme le mildiou sont présents dans quasiment tous les sols cultivés. Ainsi même en exportant vos déchets de culture, la maladie reviendra la saison prochaine. Ce qui joue sur le développement de cette maladie, c’est avant tout les conditions météo ! Si vous souhaitez creuser la question, retrouvez nos trucs et astuces pour gérer le mildiou en permaculture.
Aérez votre sol ?
Une fois le potager nettoyé, observez votre sol. Selon les cultures en place et l’eau qu’a reçue la parcelle, la terre est plus ou moins compactée.
En travaillant sur sol vivant, avec des paillages, on limite le tassement du sol. Mais les fortes précipitations d’automne et d’hiver ont tendance à marteler le sol.
Si votre sol est tassé, patientez jusqu’au printemps pour passer un coup de grelinette.
En effet, travailler un sol gorgé d’eau est le meilleur moyen de détruire sa structure et le rendre encore plus tassé et gluant qu’au départ !
Entretien du matériel de jardin
Préparer l’hiver au potager, c’est aussi faire un rangement des différentes choses qui traînent, notamment les outils.
Nettoyez vos outils
Une fois les dernières plantations d’hiver effectuées, les outils doivent être stockés au sec jusqu’à la saison prochaine. Exposés aux intempéries, ils auront tendance à vieillir prématurément. Pour l’éviter, quelques gestes simples sont à mettre en place.
Avant d’hiverner vos outils pensez bien à :
- Les nettoyer ! À l’aide d’une éponge ou d’un chiffon humide, enlever les résidus de terre sur les lames et sur les manches.
- Retirez la rouille qui s’est formée en surface sur vos outils à l’aide d’un papier de verre à grains fins. Vous pouvez aussi passer un petit coup sur les manches afin d’enlever les éventuelles échardes.
- À ce moment-là, profitez-en pour aiguiser les outils émoussés. Thibaud Morthelier (nous étions allés à sa rencontre dans le numéro 10 de la revue), passionné d’outils et de techniques anciennes explique très bien comment aiguiser un outil. Voici un exemple avec une serpe :
Cette technique est globalement applicable à la plupart des outils du jardin : bêche, houe, binette japonaise … et travailler avec des outils bien tranchants est toujours plus agréable.
- Vous pouvez ensuite huiler vos outils, manches et lames pour les protéger au mieux de l’humidité hivernale. Stockez vos outils au sec, et vous serez heureux de les retrouver dès le début de la saison prochaine !
Vidangez l’arrosage
SI vous habitez dans une région où le risque de gel est élevé, pensez à vidanger vos circuits d’eau. Sous l’action du gel, l’eau augmente en volume. Si le tuyau est rempli d’eau sous pression, il risque alors d’éclater au moment où la température descend en dessous de zéro. Si vous avez un circuit d’arrosage enterré, il suffit d’ouvrir le robinet de la valve la plus basse. Avec la gravité, tous les tuyaux devraient se vider, ou du moins ne plus être sous pression. Laissez les robinets ouverts pour la même raison.
Pensez tout de même à entourer la vanne ouverte avec un tissu et une ficelle pour empêcher à des insectes de rentrer dans le système d’irrigation, ils causent parfois des bouchons l’année suivante
Concernant les tuyaux d’arrosage, le gel ne leur fait pas du bien non plus. Afin de prolonger leur durée de vie, stockez-les dans un local hors gel en hiver.
Pensez aussi à ranger le matériel d’arrosage : programmateur, arrosoirs et asperseurs. Encore une fois, les températures négatives diminuent leur durée de vie.
Ranger les voiles anti insectes et les réparer
Lorsque les premiers gels arrivent : fini les ravageurs ! Les ravageurs d’automnes sont coriaces : mouches suzukii, chenilles et piérides, punaises ou bien même pucerons disparaissent souvent en hiver.
Vous pouvez donc libérer vos choux et autres légumes des filets anti insectes installés au cours de la saison. Avant de les ranger, examinez leur état. Si vous y trouvez de petits trous, rapiécez-les à l’aide d’un fil et d’une aiguille. Il suffit parfois d’un seul trou pour voir nos récoltes disparaître. Une fois réparés, pliez-les et étiquetez-les afin de vous faciliter le travail pour la saison prochaine !
Les cultures d’hiver au potager
Cultivez sous serre pour bien préparer le potager d’hiver
En hiver, on se régale de toutes nos récoltes de conservation ainsi que des conserves faites en été. Au potager, la croissance est presque à l’arrêt pour la plupart des plantes. Certaines parviennent quand même à croître à des températures faibles.
Si vous avez la chance de posséder une serre, faites en bénéficier vos cultures hivernales. Vous obtiendrez ainsi davantage de récoltes. Pour les optimiser encore plus, vous pouvez faire de la récolte « feuille par feuille » sur de nombreux légumes. Avec les épinards, la mâche, les laitues ou les moutardes, vous pouvez prélever les plus grandes feuilles tout au long de l’hiver. Cela encourage même les plantes à se développer et produire de nouvelles feuilles. Effeuillez ainsi vos plants au fur et à mesure de vos besoins ! Avec cette méthode on maximise la production par rapport à la place disponible.
Protégez les plantes sensibles
Certaines plantes vivaces craignent le froid. C’est par exemple le cas de certaines aromatiques comme la verveine citronnelle. Pour leur permettre une meilleure repousse au printemps, venez tailler une grande partie des tiges. Paillez ensuite leur pied généreusement. Sous un épais paillis, elles passent l’hiver plus facilement.
Pensez aussi à hiverner vos agrumes, dans une pièce non chauffée avec un minimum de lumière. Un garage fait parfaitement l’affaire.
Anticipez la saison prochaine
Faire le bilan de l’année
L’arrivée de l’automne signe la fin de saison pour le jardinier. C’est alors l’heure de faire le bilan : ce qui a bien poussé et ce qui a moins fonctionné. À travers cette année supplémentaire d’expérience au potager, vous comprenez mieux certains paramètres de vos cultures. Essayez surtout de comprendre pourquoi telle culture s’est particulièrement bien établie. L’exposition ? La chaleur ? L’eau ? Les apports de matière organique ? De nombreux facteurs influent sur la réussite d’une culture. Et c’est en expérimentant que l’on comprend au potager ! Faire le bilan de son année au potager, c’est déjà commencer à préparer la saison prochaine.
Préparez votre prochaine saison au potager
En fonction des réussites et des échecs des saisons précédentes, votre potager va évoluer. Agrandir une planche de culture ? Favoriser un type de paillage ? Où encore se procurer des graines ? Toutes ces questions sont importantes et c’est en hiver qu’on a le temps de se faire ce type de réflexion. Profitez-en donc pour passer du temps bien au chaud sur vos aménagements et commencez à choisir vos futures graines chez vos semenciers préférés. Même si l’hiver est un peu la saison morte au potager, on trouve toujours bien de quoi s’occuper !
Bon jardinage 🙂
Aller plus loin : le potager d’hiver (ou comment récolter 12 mois de l’année !)
Bonjour,
Toujours utile tous ces conseils ! Merci !
j’ai une question : j’ai 2 pieds d’artichauts jeunes de ce printemps. Est-ce que je dois les protéger pour l’hiver soit avec un voilage, soit paille au pied ?
Cordialement,
Christine
Bonjour Christine,
Oui vous pouvez resserer les tiges avec de la ficelle et les entourer de paille : en général, ca suffit ! 🙂
Bonjour,
Je m’apprête à préparer mon jardin pour l’hiver (je suis loin d’être une spécialiste mais j’ai l’intention de faire un potager). J’ai bien compris que je pouvais mettre de feuilles mortes sur la terre mais je n’arrive pas à savoir si je peux les recouvrir de carton afin qu’elles ne volent pas partout (il y a pas mal de vent dans mon jardin). Pouvez-vous me dire si c’est une bonne idée de faire cela ?
Merci.
Oui c’est une très bonne idée de faire cela dès maintenant ! Au printemps, vous aurez une terre désherbée, ameublie et prête à être mise en culture. Vous pouvez également mettre vos déchets organiques de cuisine directement sous les feuilles. Cela sera décomposé ou presque au printemps 🙂