Faut-il mettre du paillage au potager à l’automne ? À la fin de l’été, le potager se vide peu à peu et les cultures d’été laissent de l’espace de libre au jardin. Afin de protéger votre sol pour l’hiver, mais aussi de redonner un peu de fertilité à votre potager, l’automne est le bon moment pour pailler ses zones de culture.

Protéger votre sol pour l’hiver dès l’automne : paillez !

Le paillage, en été comme en hiver, offre un isolant et une protection pour notre sol. Ce dernier, dans un jardin permacole, n’est pas uniquement un substrat, mais aussi un garant de la fertilité pour nos légumes. En effet, dans notre jardin, nous essayons au maximum de laisser toute la macro et microfaune du sol faire le travail d’amender et d’ameublir notre sol (avec souvent un petit coup de main du jardinier grâce à sa grelinette !).

Le paillage, peu importe sa composition, jouera donc un double rôle : nourrir les vers de terre, cloportes, collemboles et compagnie. Ils vont digérer toute cette matière afin de la rendre assimilable sous forme de minéraux pour nos cultures.

Parallèlement, le paillage va également jouer un rôle d’isolant à la surface du sol et protéger toute cette vie foisonnante des frimas de l’hiver. Le paillage maintiendra le sol humide tout l’hiver et se décomposera au fil des mois. 

Attention, dans les sols hydromorphes, gorgés d’eau en hiver : n’y allez pas trop fort sur la couche de paillage, cela peut compacter encore plus le sol…

Paillage à l’automne : nourrissez la vie du sol 

Vous l’aurez compris, dans notre jardin, on compte sur toute la petite faune qui grouille sous nos pieds pour offrir la fertilité nécessaire à la croissance des légumes. Selon les apports et la quantité que vous ferez à l’automne, vous pouvez, d’une année sur l’autre, agrader grandement votre sol. Pour l’hiver, je vous conseille des matières assez carbonées, elles créent une quantité d’humus non négligeable.

Par exemple, les déchets de cuisine ou de la tonte sont riches en azote, on considère que ce sont des matières vertes, peu riches en carbone. Elles apportent des minéraux, mais pas d’humus.

À l’inverse, du broyat de bois, de la paille ou du fumier avec de la litière seront des apports plus carbonés et auront besoin de temps pour se composter. Selon ce que vous avez sous la main, apportez le maximum de diversité dans vos paillages, la nature aime la diversité !

Valorisez la matière organique à disposition 

Tout au long de l’automne, nous pouvons récolter de la matière organique en grande quantité qui peut être revalorisée au potager. L’automne, c’est avant tout la saison des feuilles mortes. Riches en carbone pour la plupart, elles offrent une protection très intéressante pour la vie du sol. En se décomposant, elles offriront un compost léger, riche, qui sera appréciable dès le retour du printemps. À cette saison, vous pouvez également venir faire une dernière tonte avant l’hiver. Pensez à le faire si possible avant les grosses pluies sans quoi, elle sera plus compliquée. Cela vous permettra de vous déplacer sans mouiller les jambes de votre pantalon cet hiver ! 

Pensez à laisser des zones non tondues pour les insectes et les oiseaux

Recyclez également toutes les matières que vous avez de disponible : restes de cultures, tailles des haies, buissons, défrichages… Toute cette matière peut être directement disposée sur les zones de cultures et se décomposer lentement cet hiver. Si vous avez la possibilité de récupérer les feuilles mortes de vos voisins s’ils les amènent à la déchetterie, vous pouvez leur proposer de les récupérer ! Des aller-retour économisés de leur côté et un sol plus riche pour vos légumes la saison prochaine. Les feuilles mortes sont un apport très intéressant pour le potager, n’hésitez pas à consulter notre article sur les feuilles mortes en paillage.

Connaissez-vous le chop and drop ?
C’est une pratique vertueuse facile à mettre en place pour valoriser les tailles en tout genre. Le principe est simple : lorsque l’on taille buissons, arbustes ou tout autre végétal, vous couvrez le sol des zones cultivées directement avec ces résidus. Nous avions réalisé un reportage chez Damien Dekarz sur le sujet. N’hésitez pas à le consulter.

Paillage en automne : le cas du fumier

Si le fumier n’est pas un paillage à proprement parler, généralement, si on a la possibilité d’en récupérer, il est souvent mélangé avec la litière des animaux. Si vous en cherchez, passez quelques coups de téléphone aux centres équestres environnants, généralement, ils s’en débarrassent avec joie si vous proposez de venir le chercher ! Cet apport, très riche pour le jardin, prend du temps à se décomposer. Frais, il est trop riche et à tendance à venir brûler les radicelles des plantes. C’est donc à l’automne, lorsque le potager est un peu plus vide qu’il faut apporter le fumier. S’il a beaucoup de litière, il joue le rôle d’amendement et de paillage pour l’hiver. Vous pouvez venir le recouvrir d’une petite couche de paillage pour limiter son lessivage.

Olivier Puech a rédigé un article très complet sur l’usage des différents fumiers au potager. Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à aller le consulter.
Lire l’article sur le fumier au potager

Lancez de nouvelles zones de culture en automne grâce au paillage

L’automne est une bonne saison pour anticiper la saison suivante. À cette période, vous avez encore en mémoire les zones plus ou moins ensoleillées du potager et si vous souhaitez agrandir les zones cultivables, c’est le bon moment ! C’est aussi la saison où la matière organique ne manque pas donc autant en profiter. Venez pailler généreusement la ou les nouvelles zones que vous souhaitez cultiver au printemps prochain.

Faut-il pailler le potager toute l’année ?

Généralement, on conseille de pailler le potager dès que les premières chaleurs du mois de mai arrivent. Le paillage apporté au printemps sera en grande partie décomposé une fois l’automne venu. C’est pour cela que l’on conseille souvent de repailler le potager à l’automne. L’hiver le paillage protège également les sols. Il existe un seul moment dans l’année où nous venons dépailler une partie du potager : le printemps. À cette période, le paillage peut s’avérer un peu contre-productif : il continue de jouer son rôle isolant et ralenti le réchauffement des premiers centimètres du sol. Idéalement, les semis lèvent mieux dans un sol réchauffé. La terre noire, à nue, emmagasinera nettement mieux le rayonnement du soleil.

Avec le retour des beaux jours, c’est aussi le retour des limaces et escargots. Ils se réfugient bien souvent dans le paillage pour grignoter vos jeunes et délicieuses plantules pendant la nuit. On tiendra donc le paillage un peu à l’écart de nos jeunes cultures de printemps. 

J’espère avoir répondu à vos questions sur le paillage à l’automne, n’hésitez pas à laisser vos remarques ou retours d’expériences en commentaire pour en faire bénéficier les autres lecteurs 🙂